La Retraite Macron : c’est toujours NON !

Après avoir échoué en 2019, Macron récidive et engage une nouvelle réforme des retraites, pour nous faire trimer plus longtemps ! Par un allongement de la durée de cotisation ou par le report de l’age légal, le cap affiché est clair : 65 ans !

Cette réforme est injuste ! Reculer l’âge de départ est une aberration alors que les travailleur·euses les plus âgé·es sont déjà en difficulté face à l’emploi. C’est aussi une double peine pour les ouvrier-ères qui subissent déjà une espérance de vie en bonne santé plus courte et connaissent une mortalité précoce.

Cette réforme est inutile ! Contrairement au discours volontairement alarmiste, relayé par les médias aux ordres des capitalistes, aucune menace structurelle, démographique comme financière, ne met en danger le fonctionnement du régime de retraites par répartition. D’ailleurs le gouvernement ne s’en cache pas, la réforme a en fait pour but principal de financer d’autres postes budgétaires que les retraites (Éducation, hôpitaux…) tout en poursuivant une baisse de la fiscalité qui concerne surtout les entreprises et les plus riches !

Dans le cadre actuel, la masse des richesses produites par notre travail, est largement suffisante pour financer la protection sociale ! S’il y a une origine et une solution à trouver au déficit anticipé de quelques milliards, il faut plutôt regarder du côté des entreprises qui nous volent une partie de notre salaire (le brut) avec chaque année des dizaines de milliards d’exonérations de cotisations sociales qui manquent dans les caisses de la protection sociale…

Il faut également prendre en compte la question de l’emploi : moins de chômeur·euses, de précaires mais aussi plus de services et emplois publics, ce sont plus de cotisations. Il est temps de mieux partager le travail entre tous·tes !

Tout est question de choix de société et de rapport de force !

Au centre des questions de protection sociale solidaire, de répartition du travail et des richesses, la bataille des retraites est stratégique pour notre classe. Elle est un point d’appui essentiel pour notre projet de transformation sociale révolutionnaire en rupture avec le capitalisme.

Avant même la fin des négociations bidons engagées par le Gouvernement, E. Borne confirme un calendrier rapide pour imposer en force la réforme, dès le début 2023. Ne les laissons pas nous voler plusieurs années de nos vies ! Seule une mobilisation massive pourra contrer leurs projets et nous faire gagner de nouveaux droits plus favorables aux travailleur·euses !

Ce combat pour les retraites est à articuler avec les luttes en cours dans de nombreux secteurs sur les salaires. Généralisons la lutte dans nos entreprises et services pour lancer un grand mouvement social avec pour seul cap : la répartition égalitaire des richesses et du travail !

Retraites, nos revendications immédiates :

Retour sur l’ensemble des contre-réformes depuis 1993 sur les retraites et la Sécu :

  • Retour aux 37,5 annuités de cotisations.
  • Taux de remplacement de 75 % du salaire brut sur la base la plus favorable, 6 derniers mois ou 10 meilleures années.
  • Retraite à taux plein à 60 ans pour tous-tes et 55 ans dans les métiers à forte pénibilité.
  • Pas de pensions inférieures au SMIC.
  • Arrêt des exonérations de cotisations sociales au bénéfice des entreprises
  • Maintien d’un système de protection sociale solidaire et gestion directe des caisses par les travailleur·euses.

Il est fondamental de faire émerger un véritable projet de société en rupture avec la barbarie capitaliste actuelle. Construisons une société égalitaire, fraternelle, écologiste et autogestionnaire… pour mettre le capitalisme à la retraite !

Campagne de communication de la CNT-SO pour mobiliser, à télécharger, imprimer et diffuser massivement  

Tract retraites à TÉLÉCHARGER

Connexions Directes, le bulletin de la CNT-SO Activités Postales & Télécommunications : n°3 – hiver 2022

Le  « numéro hiver », de Connexions directes, bulletin du syndicat national des activités postales et des télécommunications,  vient de sortir 

Numéro spécial élections professionnelles et droits syndicaux à La Poste :

  • P1 – Élections 2022 CAP/CCP : boycott !
  • P2 – Préserver les acquis, arracher de nouveaux droits pour le syndicalisme autogéré
  • P3 – Le CSE c’est la réduction des droits des travailleur-euses et des syndicats !
  • P4 – Activités postales & télécommunications : on a toujours raison de ce syndiquer !
Pour recevoir des exemplaires papier du bulletin, contactez poste-telecom[@]cnt-so.org

Connexions-directes-p1TÉLÉCHARGERConnexions-directes-p2TÉLÉCHARGERConnexions-directes-p3-1TÉLÉCHARGERConnexions-directes-p4TÉLÉCHARGER

Assurance chômage : la casse de nos droits continue !

Une fois de plus, sous les applaudissements du patronat le gouvernement a validé une nouvelle attaque sur les droits des salarié-es, en durcissant les conditions d’indemnisation de l’assurance chômage.

Après avoir rallongé les durées de cotisations, restreint les périodes d’affiliation et réduit le montants des indemnités (voir nos analyses sur la précédente réforme), le gouvernement modifie structurellement le fonctionnement de l’assurance chômage en introduisant une variable : en fonction de la situation économique nationale, la durée d’indemnisation sera différente !

Avec unesituation économique jugée « bonne » selon les critères capitalistes (taux de chômage inférieur à 09%), la règle sera durcie ; avec une situation, jugée mauvaise selon les même critères (taux de chômage au-dessus de 9 % ou en progression de 0,8 point sur un trimestre) la règle sera assouplie … Si le montant n’est pour l’instant pas touché, c‘est à la durée de l’indemnisation que le gouvernement s’attaque.

Concrètement avec un taux de chômage officiel actuellement autour de 7 %, pour les travailleur-euses qui dépendront de l’assurance chômage après le 1er février 2023, la durée d’indemnisation sera réduite de 25% pour une indemnisation supérieure à 6 mois :

  • Passage de 24 à 18 mois d’indemnisation maximum
  • Passage de 30 à 22,5 mois d’indemnisation maximum pour les 53/54 ans
  • Passage de 36 à 27 mois d’indemnisation maximum au-delà de 55 ans

Cette réforme va être particulièrement douloureuse pour les travailleur-euses les plus âgée-es déjà en difficulté face à l’emploi !

Elle est également encore plus injuste suivant les territoires : pour durcir les règles, seul le taux national de chômage est pris en compte malgré des fortes variations locales (Taux de chômage en Loire-Atlantique à 5,8 % contre 11,6 % dans les Pyrénées-Orientales par exemple).

cela s’ajoute d’autres régressions sur notre protection :

  • Privation d’indemnisation pour les intérimaires et CDD en cas de refus de deux propositions de CDI similaires en un an.
  • Présomption de démission en cas d’abandon de poste.

Encore une fois, le gouvernement rend les chômeur-euses responsables de leur situation et les sanctionne en réduisant des droits, acquis par leur travail et leurs cotisations !

Les objectifs sont clairs : faire plus de 4 Milliards d’économies par an (chiffrage UNEDIC) sur le dos des chômeur-ses et nous contraindre à accepter des emplois à n’importe quelles conditions.

C’est d’autant plus inadmissible que la patronat est très loin de payer sa parten bénéficiant depuis d’années d’exonérations de cotisations sociales qui plombent les caisses de protection sociale et constitue le vol d’une partie de nos salaires. Rappelons que les cotisations sociales (le salaire brut) ne sont pas des « charges » mais une partie intégrante de nos salaires, socialisés pour nous protéger des aléas de la vie (santé, vieillesse, chômage…).

TOUS ET TOUTES CONCERNÉ-ES !

Cette attaque contre l’assurance chômage est une attaque contre tous les travailleur-eusescar elle attaque un droit social collectif, qui constitue une protection économique contre la perte d’emploi. Tout comme l’assurance retraite, constitue une protection quand il est grand temps d’arrêter de travailler. Tout comme le RSA et les allocations permettent à certain-es de joindre les 2 bouts ou simplement vivre.

C’est pourquoi, exploité.e.s de toutes conditions, battons nous, organisons-nous et exigeons le retrait de cette réforme et des précédentes. Non a la destruction de l’assurance chômage, non a France Travail !

LA CNT-SO REVENDIQUE :
  • Annulation des dernières réformes sur l’assurance chômage.
  • Extension des droits et accès universel à l’allocation chômage avec un minimum égal au SMIC
  • Arrêt des exonérations de cotisations sociales au bénéfice des entreprises

Non à l’automatisation des métiers l’art

  • Auteur de l’article STAA-CNT-SO (Syndicat des Travailleur·euses Artistes Auteur.e.s)

Comme un grand nombre d’autres travailleurs et travailleuses aujourd’hui, les artistes auteur·ices sont confronté·es à « l’automatisation » de leur métier et de leur quotidien : qu’il s’agisse d’outils visant à réaliser des tâches autrefois accomplies uniquement par les humains, d’algorithmes mis en place par l’administration ou les industries et visant à contrôler leurs comportements ou encore de plateformes d’échanges où leurs créations font l’objet d’enchères. L’humanisation permanente de la machine dans les discours médiatiques, scientifiques et politiques, le caractère dit inéluctable de l’innovation technologique en lien avec le nécessaire progrès de l’humanité, la soi-disant capacité propre à « la machine » à apprendre sans l’aide de quiconque renvoient à ce que Gunther Anders appelait le sentiment de « honte prométhéenne » ressenti par l’humain devant la perfection de la sérialité machinique.

L’automatisation est consubstantielle à l’esprit capitaliste et à l’évolution de ses différentes incarnations historiques, géographiques et sectorielles. Elle fut présente dès les premières heures de la révolution industrielle et combattue par celles et ceux qui en souffraient à l’instar des Luddites en Angleterre au début du XIXème siècle. Encore marginale alors, elle connut une véritable explosion, lorsqu’elle fut théorisée et généralisée par Norbert Wiener (inventeur de la cybernétique, qui repose sur l’humanisation de la machine) pendant la Seconde Guerre mondiale pour participer à l’effort de guerre. Elle occupe désormais le cœur de toutes nos activités d’êtres humains, notamment sous sa forme la plus aboutie « technologiquement » (autrement dit la plus aboutie dans le discours qui accompagne et sublime l’innovation, la créature chimérique issue de la recherche scientifique et du savoir-faire technique), c’est-à-dire l’Intelligence Artificielle (IA). Censée accompagner l’humain dans son devenir meilleur, ou être à son service, si l’on en croit la rhétorique qui justifie son développement, l’IA sous-tend des logiques de rentabilité, de performativité et de désintermédiation qui aboutissent d’ores et déjà à la précarisation et au remplacement à terme de celles et ceux qu’elle ne devait qu’aider initialement.

Le STAA initie sa réflexion critique sur l’automatisation des métiers de l’art à partir de la place prise par la traduction automatique, et l’intelligence dite artificielle, dans le quotidien des traducteurs et des traductrices.

La traduction n’est pas un problème à résoudre

Les logiciels et moteurs de traduction assistée par ordinateur vendent l’illusion que la technologie peut effacer la « barrière de la langue », et résoudre en un clin d’œil ce que le mythe de Babel dépeint comme un problème, une punition : la diversité des langues. Plus besoin de traducteur·ices : il suffirait maintenant de sortir son téléphone, ou de passer un texte à la moulinette d’une intelligence artificielle. Cette idée s’inscrit dans la continuité d’un mouvement historique qui vise à déléguer aux machines les tâches et le savoir-faire des humains, pour faire plus vite, moins cher, avec moins de contraintes, soi-disant pour soulager les hommes et femmes de la pénibilité du travail.

Ce qui avait commencé avec l’industrie textile en Angleterre au début du XIXème siècle, et s’était prolongé dans le taylorisme, puis dans toutes les formes d’automatisation des métiers dits « manuels », semblait ne jamais pouvoir atteindre les activités artistiques et intellectuelles. C’est sans doute pour cette raison, entre autres, que les « progrès » de la traduction automatique sont observés avec curiosité et intérêt, et parfois, dans le milieu de la traduction littéraire, avec une certaine incrédulité induite par cette illusion. On a longtemps cru, par son caractère justement « littéraire » et « artistique », que ce type de traduction serait à l’abri, inaccessible à la machine. Mais la traduction automatique est aujourd’hui de plus en plus performante et efficace, et son utilisation se répand aussi bien dans la sphère privée, au quotidien, que dans le domaine de la traduction professionnelle.

D’aucuns se rassurent en constatant que le niveau des logiciels de traduction automatique est toujours très en deçà des productions humaines. La traduction automatique produit des résultats encore très insuffisants : erreurs plus ou moins prévisibles, formulations maladroites, contresens pas nécessairement détectables si l’on ne se réfère pas au texte source (en cas de polysémie, la compréhension du contexte que seul peut avoir un humain est nécessaire pour trancher). Dans le domaine de la traduction technique et institutionnelle, ainsi qu’en traduction audiovisuelle, le recours à la post-édition – la correction par le ou la traducteur·ice d’une traduction automatique fournie par le client – est pourtant déjà extrêmement répandu.

La traduction automatique reste certes marginale dans l’édition, mais elle commence à y faire son apparition. Des maisons d’édition renommées proposent ainsi à des traducteur·ices des contrats de post-édition de textes traduits par une intelligence artificielle. Cette amputation d’une partie essentielle du métier de traducteur·ice réduit les délais et tire vers le bas les tarifs pratiqués dans la profession, déjà peu élevés.

Ce que l’automatisation fait aux traductions et aux traducteur·ices

L’appauvrissement de l’expérience des traducteur·ices

Un discours optimiste et courant présente les outils de traduction automatique comme une simple aide, qui ne viendrait mettre à mal ni le statut des traducteur·ices ni la qualité de leur travail. Or, une post-édition ne peut aboutir au même résultat qu’une traduction réalisée intégralement par un humain, dès lors que le délai et la rémunération sont réduits au nom même de cette notion de post-édition.

Cette répartition du travail sur le texte — traduction par un moteur de traduction automatisée et correction par un·e traducteur·ice — n’est pas un progrès, car elle ne tient pas compte du fait que traduire est une expérience intellectuelle et sensible qui se déroule sur le temps long, comportant des temps de recherche, de doutes et de tâtonnements.Obtenir un résultat de qualité équivalente à une traduction totalement humaine suppose de fréquenter intimement le texte source, si bien que le temps passé sur celui-ci n’est pas forcément moins long avec cette nouvelle approche – au contraire, dans certains cas, puisqu’il faut prendre du recul par rapport au premier jet de la traduction automatique (TA) dans la langue cible, lequel fait souvent écran à notre perception sensible du texte de départ. La multiplication et l’enchaînement de tâches de traduction plus courtes peuvent, paradoxalement, entraîner une perte de temps par rapport à des tâches longues.

Le morcellement du travail de traduction et la réduction du temps consacré à chaque projet relâcheront la tension du traducteur vers le texte et le déposséderont de son rapport au texte. Cette perte du lien à la globalité de la tâche, qui accompagne généralement les processus d’automatisation, cause une perte de sens aliénante pour le travailleur, comme l’illustrait déjà Chaplin dans Les Temps modernes.

La destruction d’un cadre économique et juridique de travail déjà ultra-précaire

Pour ces différentes raisons, le recours à la traduction automatique risque d’entraîner une dégradation des conditions de travail. Le gain de temps qu’est censé apporter la TA sert de prétexte à un raccourcissement des délais. La dévalorisation du travail et de son image, avec des tâches présentées comme étant faciles et donc réalisables par des machines, expose la traduction à sa dévalorisation financière. Et la logique de marché faisant souvent passer la rentabilité avant la qualité, on observera sans nul doute une baisse des exigences vis-à-vis de la qualité des traductions.

En ce qui concerne la traduction littéraire, cela ouvrirait la porte à la contestation du statut d’auteur des traducteur·ices, relégués au rang de correcteur·ices de la machine. Il ne s’agit pas d’une simple question de statut, mais bien de posture vis-à-vis du texte : en tant qu’auteur·ice, le traducteur·ice est un·e spécialiste du texte, détenteur·trice d’une connaissance précieuse, dont iel est souvent l’ambassadeur·ice.

Quid de la responsabilité d’une traduction ?

Ce changement de statut menace de nous déposséder de nos textes et des droits que nous avons sur eux, dépossession à la fois juridique et morale : qui est l’auteur·ice d’un texte en partie produit automatiquement ? Qui en est responsable ? Responsabilité vis-à-vis d’éventuelles erreurs, mais aussi responsabilité inhérente à la pratique même de la traduction, succession de choix dont certains (y compris lexicaux) constituent des prises de position littéraires, esthétiques ou politiques qui peuvent être des outils de contestation des structures d’oppression. On pense par exemple à la décision de Marie Darrieussecq de proposer une nouvelle traduction de l’essai de Virginia Woolf A room of one’s own dans laquelle elle fait le choix de traduire « room » par « lieu » plutôt que « chambre » : Un lieu à soi plutôt qu’Une chambre à soi. Un choix qui a nouvellement remis en lumière comment le biais de genre influence la pratique de la traduction – pouvant même toucher un texte pourtant pionnier du féminisme – puisque « room » peut être à la fois un espace et une chambre, la chambre convoquant cependant le domaine domestique et privé auquel la femme est généralement renvoyée dans les sociétés patriarcales.

La généralisation de l’automatisation au sein de la création intellectuelle et artistique pourrait effacer ou brouiller cette responsabilité : l’agent de la médiation n’étant plus aussi visible, ce qui relève du choix, de la décision n’est plus clairement assignable.

Ce que l’automatisation fait au monde

L’appauvrissement d’une expérience du et au monde

Nous le constatons au quotidien : à chaque fois que nous comptons sur les machines pour réfléchir ou faire à notre place, nous nous départons d’un peu de savoir et de savoir-faire, de capacités intellectuelles, cognitives. De la même façon, la transformation du travail des traducteur·ices en travail de correction de traductions automatiques les dépossède du cœur de leur métier. L’accepter, c’est priver nos sociétés de toute une expertise de la langue et des textes qui composent le socle de nos civilisations.

Et il ne s’agit pas que de la traduction à proprement parler, mais aussi des pratiques cognitives liées à la traduction : chercher, s’interroger, se souvenir… Des pratiques incompatibles avec l’impératif chimérique d’immédiateté. Les conséquences de la perte de ces pratiques, à long terme, dans un nombre croissant d’activités humaines. On peut également s’inquiéter de ce qu’entraînera la généralisation de la traduction automatique quant à l’apprentissage des langues.L’ancrage de l’enseignement de la post-édition au programme de nombreux cursus de formation en traduction présage déjà de la normalisation de ces pratiques chez une nouvelle génération de traducteur·ices. Il est essentiel d’être vigilant pour préserver à long terme un savoir-faire et un savoir-être face aux textes et à l’activité de traduction.

L’uniformisation du texte, de la langue et du langage

Les intelligences artificielles étant créées pour reproduire ce qu’elles ont analysé dans un corpus donné, l’automatisation de la traduction et de la création de textes en général annonce une uniformisation des textes et de la langue, homogénéisation qui se ferait de manière peu visible etimprévisible, sans contrôle humain. La création automatique tourne en boucle à partir de créations humaines (potentiellement de moins en moins humaines, à terme), de façon statistique sur les schémas les plus fréquents, au risque de renforcer les préjugés et de creuser l’écart de représentation entre ce qui est rare et original d’une part et les modèles dominants d’autre part. La déficience de qualité réside ainsi plus sournoisement dans le lissage et l’appauvrissement, et pas seulement dans les erreurs produites.

L’automatisation est un gouffre énergétique

Autre point crucial à prendre en compte : l’impact énergétique de l’utilisation de ces technologies. En cette période d’urgence climatique où tout appelle nos sociétés à la sobriété sur le plan énergétique, les intelligences artificielles requises pour la traduction automatisée sont incroyablement énergivores et peu efficientes. L’entraînement d’une nouvelle instance d’intelligence artificielle génère autant d’émissions carbone que cinq voitures pendant toute leur durée de vie, fabrication comprise (source : MIT Technology Review).

L’usage massif d’intelligences artificielles nécessaire à la traduction automatique est une aberration écologique qui devrait suffire à établir l’absence totale de bon sens à poursuivre dans cette direction, sachant la crise climatique à laquelle nous sommes confronté·e·s.

Est-ce l’intelligence dite artificielle qui nous menace, ou la voix de son maître capitaliste ?

N’oublions pas que les compétences des traducteur·ices humain·es ne sont pas transférées à de gentils serviteurs éthérés, n’ayant d’autre intention que celle de bien servir leurs maîtres : nous transférons, parfois à notre insu, nos compétences et notre expertise aux entreprises qui possèdent et développent les logiciels de traduction automatique. La situation de monopole de certaines entreprises développant des logiciels de TA (tout comme sur les logiciels de création artistique en général) leur laissera les mains libres pour exercer leur pouvoir sur le domaine de la création. Elles pourraient aisément avoir une emprise sur le choix des œuvres traduites (qui seraient donc largement accessibles à moindre coût, contrairement à des traductions intégralement humaines), dans quelles langues, le paramétrage des logiciels (choix lexicaux à portée politique) ;on imagine facilement le pouvoir qu’exerceraient ces entreprises sur la pensée, et le pouvoir politique dont jouiraient leurs dirigeants ou des acteurs politiques.

Contrairement à ce qu’en dit la rhétorique qui justifie son développement, l’intelligence artificielle est mise au service du marché (de la rentabilité, de l’efficacité, de l’individualisme) et non des traducteur·ices, des travailleur·euses, des êtres humains qu’elle est censée accompagner et assister ; bien au contraire, elle les précarise, les fragilise et les remplace. Cette dépossession violente de notre expertise créerait une subordination à des acteurs économiques extérieurs dont nous n’avons aucune maîtrise, alors que l’expertise que nous développons au fil des années, par notre formation et la pratique de notre travail, nous est propre et intérieure. Une fois cette dépendance instaurée, il sera difficile de revenir en arrière pour s’en défaire.

Cette subordination à une logique de marché et d’innovation pour l’innovation exige des travailleur·euses une adaptation constante à des technologies toujours renouvelées, à de nouvelles conditions de leur travail, adaptation présentée par la perspective capitaliste comme une vertu et une nécessité. Nous refusons de considérer en ces termes l’intégration de la traduction automatique : une telle adaptation reviendrait à céder à une forme de pensée qui, en humanisant la machine, machinise l’humain. Ce serait se résigner à corriger plutôt qu’à traduire et écrire, à retoucher plutôt qu’à créer ; se soumettre à un rythme, un processus et une pensée machiniques, plutôt que d’être assisté par une machine.

La marche en avant de l’innovation est alimentée par la croyance en une solution technologique à tous les « problèmes » – à toutes les complexités. Nous pensons que la mise en œuvre de chaque innovation technologique doit être précédée d’une réelle réflexion sur les conséquences et la finalité de ces outils.Ce n’est pas parce qu’une réalisation est possible qu’elle est souhaitable. Une innovation n’est pas nécessairement un progrès ; elle est susceptible de détruire et d’induire des pertes. La menace machinique qui pèse aujourd’hui de plus en plus fortement sur les métiers intellectuels relève d’une question sociétale et culturelle plus large. C’est une menace qui pèse sur notre jugement et notre réflexion, sur la richesse de nos langues et de notre pensée. Au-delà du refus de la traduction automatique, nous refusons un idéal machinique et post-politique où une efficacité soi-disant neutre primerait sur les activités et les décisions humaines.

Défense d’un métier et d’une éthique

La traduction n’est pas un problème à résoudre, c’est une création qui se nourrit de la richesse de la langue et des langues et l’alimente constamment. C’est une activité humaine, qui comporte une dimension communicationnelle, relationnelle et intentionnelle, et dont le résultat s’adresse à des êtres humains. Nous refusons de nous déposséder de cette richesse, de notre intelligence humaine dans ces domaines.

Outre l’étiolement de l’éthique de la traduction, la perte de sens de notre métier qui nous menace, c’est aussi la perte de savoir-faire, de compétences, de l’expérience, de la valeur des traductions, produites en tant que créations humaines.

Nous défendons le métier de traducteur·ices, un métier que nous avons appris, que nous pratiquons, ressentons, et tenons à exercer avec une éthique que nous refusons de sacrifier. Nous refusons de sacrifier nos apprentissages, nos expériences, nos savoir-faire, et plus largement nos existences sur l’autel de l’innovation.

Nous refusons :

  • L’amputation de l’éthique de la traduction induit par l’IA industrialisée
  • La dévalorisation symbolique et matérielle du métier de traducteur·ice
  • Le morcellement du travail de traduction induit par la post-édition
  • Le transfert de nos compétences aux industries de l’innovation pour l’innovation et le seul profit

Nous appelons à :

  • Une compréhension réelle du métier de traducteur·ice : du temps, une relation intime au texte, des conditions de travail décentes
  • Des prises de position fermes des travailleur·euses du texte à toutes les étapes de la chaîne du livre
  • Une réelle et imminente réflexion collective sur les conséquences et la finalité de ces outils/cette innovation

Suite de la Grève à la Gare de Lyon Perrache

Ce matin nouvelle visite à la Métropole de Lyon qui s’est soldée par un appel à la Police.

Bruno Bernard et sa majorité prétendent incarner une politique « sociale » mais leur seule réponse face à des salarié.es qui travaillent depuis trente ans au service de l’administration, qu’elle a usé.es moralement et physiquement, et qui doivent désormais se battre pour sauver leurs emplois

Pour les agent-es de nettoyage de la gare de Perrache, la majorité EELV Lyon c’est la majorité du plan social !

La grève vient de franchir sa cinquième semaine, pour la soutenir : https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/gare-routiere-de-perrache-agent-de-service-en-greve-2

Livreurs des plateformes, avec ou sans-papiers, on s’organise !

Baisse des revenus avec la réduction des tarifs et le coût toujours plus lourd des véhicules à notre charge, déconnexions arbitraires et chasse aux livreurs sans-papiers, absence de droits sociaux (sécu, chômage, congés)… Le maintien forcé dans le statut d’auto-entrepreneur c’est une existence sans droits pour les travailleur·euses UBERisés !

En France, le gouvernement refuse toujours de reconnaître nos droits de salariés mais avec de multiples condamnations judiciaires et avancées pour la reconnaissance du statut des livreurs en Europe : le vent tourne pour les plateformes…

Le quotidien des livreurs doit maintenant changer ! Livreurs, avec ou sans-papiers, on s’organise avec la CNT-SO et on revendique collectivement pour défendre nos droits et en gagner de nouveaux  !

Se syndiquer à la CNT-SO

TRACT EN PDF À TÉLÉCHARGER

Le SCUM distribue de la nourriture à plus de 1000 étudiantes et étudiants à l’université Paul-Valéry

Ce lundi 07 novembre, plus de 1000 étudiantes et étudiants ont bénéficié de la distribution alimentaire du SCUM à l’université Paul-Valéry.

Face à la précarité alimentaire, nous sommes bien seuls, avec nos distributions alimentaires. Ce n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de précarité.

Bien entendu, nous allons poursuivre nos distributions alimentaires régulières, qui ont lieu un vendredi sur deux à la cité universitaire Boutonnet depuis début octobre. Nous organisons aussi, mercredi 09 novembre, une distribution de protections périodiques bio et lavables. Ce sera sans inscription de 11h30 à 15h devant la Bibliothèque Universitaire de l’Université Paul-Valéry.

Il est temps que l’Etat et les collectivités publiques prennent leurs responsabilités et mettent enfin en place des mesures permettant aux étudiantes et étudiants de se nourrir à leur faim.

Nous demandons une augmentation des bourses et du nombre de bénéficiaires, ainsi que la construction massive de logements étudiants.

Au niveau local, nous réitérons notre demande auprès de la Mairie et de la Métropole afin qu’elles soutiennent les distributions alimentaires du SCUM.

La distribution du 07 novembre dans les médias :

RETROUVEZ TOUTE L’ACTUALITÉ DU SCUM DIRECTEMENT SUR LE SITE : https://combatuniversitaire.wordpress.com/

Grève du personnel de nettoyage sous-traité par Arc-en-Ciel à Tolbiac (Université Paris I)

A partir du lundi 07 novembre, les agent-es de nettoyage, sous-traité-es par Arc-en-ciel, pour le compte de l’université Paris I, se mettent en grève illimitée sur le campus PMF (Tolbiac). Il règne un management violent et des conditions de travail déplorables sur ce site et comme partout la précarité et les bas salaires sont de mise… L’exploitation et le mépris ça suffit !

Soutenez la lutte des nettoyeur-euses contre la maltraitance de la sous-traitance !

Caisse de grève en ligne

……………………………..
Rassemblement de soutien, lundi 14/11

Grève-A-E-C-_-tract-rassemblement-14-11-photo-V2 TÉLÉCHARGERtract-cnt TÉLÉCHARGER

Intermittent-e-s du spectacle dans les Théâtres, Opéras, CDN. Il est grand temps de réclamer notre augmentation !

Pas besoin de faire de grands calculs pour se rendre compte qu’avec l’inflation actuelle, nos paies sont devenues bien trop basses pour vivre correctement.

Il est encore courant d’être payé de 12 à 15 euros brut de l’heure dans les salles de spectacle publiques en tant qu’intermittent, alors que le spectacle de grandes jauges privé type zénith et  évènementiel ont déjà monté les salaires entre 18 et 30 euros brut de l’heure pour les cachets de technicien-ne-s classique.

Nous ne pouvons plus accepter de travailler si peu cher dans les théâtres / opéras / et autres salles de spectacle publiques !

Aujourd’hui nous devons revendiquer et réussir à imposer un minimum de 20 euros brut de l‘heure pour tout-e-s les technicien-ne-s !

Plus largement, c’est l’augmentation générale des salaires, l’échelle mobile des salaires et la répartition égalitaires des richesses et du travail que nous devrons imposer !

Nous ne paierons pas leur crise !

C’est nous qui travaillons, c’est nous qui décidons !

Le 18 octobre et après, un seul mot d’ordre : partage égalitaire des richesses et du travail !

La CNT-Solidarité Ouvrière appelle à se mobiliser massivement dans la journée interprofessionnelle de grève et de manifestation du 18 octobre 2022 et à construire la suite dans les Assemblées Générales.

Com grève interpro – 18 oct 2022

Le mouvement de lutte pour les salaires, prend de l’ampleur, avec la grève emblématique des entreprises pétrolières qui fait tâche d’huile et inquiète au sommet de l’État et du patronat.
Au mépris du droit de grève, l’État tente de casser le mouvement en traitant les salariés réquisitionnés comme des délinquants. Les médias aux mains des grands capitalistes font marcher la propagande à plein régime. Ne nous laissons pas diviser, le combat dans les raffineries est aussi le notre : c’est celui pour le retour aux travailleur•euses des richesses créées par notre travail et captées par une minorité de profiteurs !

Nous subissons le poids toujours plus lourd de la vie chère avec des salaires qui ne suivent pas le rythme de l’inflation, des restrictions sur la protection sociale comme l’assurance chômage et bientôt le vol de 3 années de vie supplémentaires avec le projet de retraites à 65 ans, la dégradation des services publics après des années d’austérité…
De l’autre coté la sphère patronale et actionnariale connaît des profits records et vit sous perfusion d’argent public, plus de 150 milliards d’aides diverses aux entreprises (exonérations de cotisations sociales ou fiscales…) en 2019, avant même les « aides COVID » !

Pour inverser la tendance : seule la lutte paiera ! Car le pouvoir des travailleur-euses ne réside pas dans la force de leur vote, mais dans leur capacité de paralyser la production. Notre arme est notre force, c’est la grève !

Les pénuries d’essence mettent la pression sur l’économie et permettent un rapport de force favorable aux travailleur-euses. C’est le moment de pousser pour faire avancer nos revendications immédiates : 

  • mesures d’urgence sociale face à la vie chère ;
  • hausse généralisée des salaires, minimas et pensions indexée sur l’inflation ;
  • échelle mobile des salaires ;
  • arrêt des politiques au bénéfice des plus riches et des entreprises ;
  • refus des contre-réformes sur l’assurance-chômage et les retraites;
  • investissements massifs dans les services publics ;
  • défense du droit de grève

Mobilisons-nous le 18 octobre 2022 et généralisons la lutte dans nos entreprises et services pour lancer un grand mouvement social avec un seul mot d’ordre : répartition égalitaire des richesses et du travail !

En Auvergne 6 rassemblements sont prévus :

A Montluçon 11h00 place Piquand

A Moulins 11h00 place de la Liberté

A Vichy 11h00 place de la Poste

A Clermont-Ferrand à partir de 10h00 place Delille

A Aurillac 10h30 devant la Préfecture

Au Puy en Velay 10h30 place Cadelade

Retrouvez nos dossiers spéciaux :