LA CNT-SO APPELLE À PARTICIPER MASSIVEMENT À LA JOURNÉE DE GRÈVE INTERPRO INTERSYNDICALE DU29 SEPTEMBRE ET À CONSTRUIRE AU-DELÀ, DES MOBILISATIONS DANS LES ENTREPRISES ET SERVICES.
Les travailleur·euses sont de plus en plus lourdement impacté·es par l’inflation et la vie chère (logement, transport, énergies…) aggravées par les crises internationales et environnementales en cours.
Les salaires ne suivent pas : dans le privé où les minimas de nombreuses conventions sont rattrapés par le SMIC ; dans le public où la revalorisation du point d’indice après une décennie de gel, reste nettement en dessous de l’inflation.
Les mesurettes portées par legouvernement cet été (voir notre argumentaire ici), ne réglerons pas nos problèmes alors qu’on nous parle d’un hiver difficile avec de possibles pénuries et restrictions.Ces mesurettes épargnenttoujoursgrandement les plus riches et les entreprises et évitent le cœur du problème. La question n’est pas le « pouvoir d’achat » mais la répartition égalitaire des richesses ! Elles doivent revenir aux travailleur·euses !
Sous la présidence Macron, les français les plus fortunés ont considérablement augmenté leur richesses. Depuis 2021, les cours boursiers et les profits des entreprises ont enregistré partout dans le monde des records de hausse. Ces masses d’argent, c’est l’exploitation de notre travail qui les a produites ! Dans l’immédiat elles doivent servir à l’augmentation générale des salaires ! Cela doit aussi concerner la part socialisé(le brut) alors que de nouvelles attaques sont prévues sur la protection sociale (retraite à 65 ans, assurance chômage…)
LUTTER CONTRE LES GALÈRES DE LA VIE CHÈRE C’EST FAIRE PASSER NOS EMPLOYEURS ET LES ACTIONNAIRES À LA CAISSE !
Depuis des années, la sphère patronale et actionnariale est subventionnée par l’argent public (exonérations de cotisations sociales ou fiscales, aides…). Ces politiques doivent cesser pour permettre de sortir les services publics des logiques d’austérité et revaloriser leurs agent·es.
Nos galères ne viennent pas de nulle part, elles sont le fruit du système économique capitaliste, prédateur et inégalitaire. Notre classe doit s’en émanciper en défendant un projet de transformation sociale égalitaire et autogestionnaire.
NOUS N’AURONS QUE CE QUE NOUS PRENDRONS !
MOBILISONS-NOUS COLLECTIVEMENT POUR REVENDIQUER DANS L’IMMÉDIAT :
Une hausse générale des salaires avec échelle mobile en proportion du SMIC revalorisé. Une hausse des pensions et minimas sociaux indexée sur l’inflation. Une hausse du point d’indice de la fonction publique à hauteur de l’inflation et la revalorisation des grilles indiciaires. Le plafonnement des hauts salaires.
La diminution du temps de travail, à salaire égal.
L’arrêt des politiques, notamment fiscales, au bénéfice des plus riches et des entreprises.
L’État d’urgence social : blocage des loyers, des prix des produits de 1ère nécessité et des factures énergétiques.
Un drame indescriptible est récemment venu mettre en lumière les graves dysfonctionnements des établissements privés de la petite enfance : dans une crèche lyonnaise du groupe People and Baby, un bébé de 11 mois a été empoisonné par une professionnelle qui se trouvait être seule sur place pour assurer l’accueil des enfants.
Depuis, des questions émergent et les témoignages abondent : ceux des professionnelles du secteur qui, depuis des années, dénoncent les conditions de travail et d’accueil, dans les établissements privés où la recherche du profit se fait au détriment du bien-être, de la sécurité et de la santé des enfants et des personnels. Et ceux des parents qui faute de solution alternative ne peuvent que constater l’épuisement des personnels et la maltraitance que subisse leur enfant.
Dans les crèches privées, on cherche avant tout à limiter les coûts et engranger des profits : les salaires ne sont pas alignés sur les grilles du secteur public, celles-ci n’étant soumises à aucune convention collective ; faute de matériel (couches, repas, etc. commandés en sous-nombre) les enfants ne sont pas correctement pris en charge et les professionnelles sommées de les rationner ; les capacités d’accueil sont sans cesse augmentées alors que les salariées restent à effectifs constants.
Du fait de conditions de travail insupportables et d’un manque de reconnaissance criant de ces métiers quasi exclusivement féminins, le secteur souffre d’une pénurie de personnels qui place toutes les crèches en sous-effectifs permanent, contraignant les salariées à multiplier les heures supplémentaires, à renoncer à leurs temps de repos, à travailler en équipes restreintes et, parfois, à se dédoubler pour réaliser le ménage, cuisiner les repas… en même temps qu’elles devraient surveiller enfants.
La seule solution trouvée par les pouvoirs publics a été d’abaisser les normes applicables, par exemple sur les taux d’encadrement ou sur les qualifications des intervenantes : de nombreuses dérogations ont encore plus dégradé les conditions d’accueil et de travail dans ces établissements.
Les revendications des professionnelles ont été rejetées. Leurs alertes et celles des parents ont été ignorées.
Dans le secteur privé lucratif, seuls les profits comptent et seuls les actionnaires sont entendus.
Nous ne laisserons plus faire !
Nous exigeons, immédiatement :
que soit créé un véritable service public de la petite enfance qui intégrera tous les établissements actuellement abandonnés au secteur privé
que les salariées en poste dans des établissements accueillant des jeunes enfants soient toutes placées, sans exception, sous convention collective nationale des acteurs du lien social et familiale
que des négociations nationales s’ouvrent sans délai pour une revalorisation conséquente des salaires et l’amélioration des conditions de travail
Témoignages et réactions d’ex-salariées de People & Baby après le drame de Lyon
La CNT-SO s’associe à la peine des proches et collègues de Moussa Sylla et leur assure toute sa solidarité. Nous appelons à participer au rassemblement organisé mardi 19 juillet pour lui rendre hommage et réclamer justice après le décès de l’agent de nettoyage sous-traité par Europnet dans un accident du travail à l’Assemblée Nationale.
Rassemblement mardi 19 juillet à 14h30 place Édouard Herriot (Assemblée nationale L12 / Invalides L13-L8).
Les travailleur·euses sont de plus en plus lourdement impactées par l’inflation et la vie chère (logement, transport, énergies…) aggravées par les crises internationales et environnementales en cours.
Les réponses à court terme du gouvernement ne réglerons pas nos problèmes. Ne nous laissons pas enfumer parcesmesurettes, payéeslargement à nos frais via l’imposition et qui épargnent encoregrandement les plus riches et les entreprises (voir encadré). La question n’est pas le « pouvoir d’achat » mais la répartition égalitaire des richesses ! Elles doivent revenir aux travailleur·euses !
On le sait, sous la présidence Macron, les français les plus fortunés ont considérablement augmenté leur richesses. Depuis 2021, les cours boursiers et les profits des entreprises ont enregistré partout dans le monde des records de hausse. Ces masses d’argent, c’est l’exploitation de notre travail qui les a produites ! Dans l’immédiat elles doivent servir à l’augmentation générale des salaires, y compris dans les petites entreprises. Lutter contre les galères de la vie chère c’est faire passer nos employeurs et les actionnaires à la caisse !
Depuis des années, la sphère patronale et actionnariale est subventionnée par l’argent public (exonérations de cotisations sociales ou fiscales, aides…). Ces politiques doivent cesser pour permettre de sortir les services publics des logiques d’austérité et revaloriser leurs agent·es.
Nos galères ne viennent pas de nulle part, elles sont le fruit du système économique capitaliste, prédateur et inégalitaire. Notre classe doit s’en émanciper en défendant un projet de transformation sociale égalitaire et autogestionnaire.
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RETROUVEZ ET TÉLÉCHARGER LE DOSSIER COMPLET AVEC LES ANALYSES ET REVENDICATIONS DE LA CNT-SO
Hôtellerie-restauration, tourisme, animation, distribution, agriculture… Comme chaque été, de nombreux secteurs ont recours à des emplois saisonniers. Les patrons abusent volontiers d’une main d’oeuvre précaire, souvent jeune ou étrangère. En cas de litige ou problème (heure impayées, problèmes de contrats…) vous n’êtes pas seul-es face aux exploiteurs : contactez le syndicat pour défendre vos droits !
Retrouvez les visuels de la campagne syndicale de l’été 2022, à télécharger et diffuser largement
Le long tunnel électoral de 2022, boudé par une part croissante de la population, a débouché sur une « représentation » politique encore plus hostile à nos intérêts de classe. Le président des riches a été réélu et l’Assemblée est largement dominée par les ultra-libéraux et les réactionnaires avec une arrivée massive de l’extrême-droite…
Malgré une probable instabilité de la vie politicienne, le bloc bourgeois radicalisé ne renoncera pas facilement à ses attaques contre nos droits. Il faudra les repousser : retraite à 65 ans, travail forcé des précaires au RSA, cure d’austérité pour financer les entreprises et actionnaires, renforcement des politiques managériales contre les services publics… Préparons-nous aussi à toujours plus d’autoritarisme et de violence de leur part…
La priorité pour la classe ouvrière est de faire face à la vie chère avec les conséquences de plus en plus lourdes des crises internationales et environnementales en cours. Dans l’immédiat, nous ne voulons pas l’aumône de chèques alimentaires ou énergétiques mais des salaires dignes. La répartition égalitaire des richesses et du travail est notre cap !
La percée fasciste est violente mais pas étonnante. La clique au pouvoir joue avec l’extrême-droite depuis des années pour se maintenir pendant que les principaux médias, aux mains des grands capitalistes du pays, diffusent son discours haineux à longueur de journées. Ils n’hésiteront pas à leur laisser les clefs si leurs intérêts sont trop menacés !
Nous mettons en garde les travailleur-euses : il n’y aura jamais de solution dans le fascisme. Son projet de société raciste et autoritaire, remet en cause les droits d’un grand nombre d’entre nous au nom d’une identité française fantasmée et divise notre camp pour le plus grand bénéfice de nos exploiteurs. Nous devons les combattre fermement
Nos droits et nos libertés sont clairement menacés : plus que jamais notre avenir n’est pas dans leurs urnes mais dans nos luttes ! La classe ouvrière doit rester unie, c’est en faisant monter les mobilisations collectives dans la rue et sur nos lieux de travail que nous pouvons faire reculer le fascisme et le capitalisme ! Pour cela nous appelons les travailleur-euses à renforcer le syndicalisme : rejoignez-nous !
Ensemble faisons émerger un projet de société alternatif en rupture avec la barbarie capitaliste actuelle qui nous mène dans une impasse !
Ne comptons que sur nous-mêmes : vive la classe ouvrière !
Le 1er mai est toujours une date importante pour le mouvement syndical. Ce n’est pas la « fête du travail » mais une journée historique de lutte ouvrière à travers le monde. Cette année soyons particulièrement nombreux et nombreuses dans la rue pour en faire une démonstration de force…
Contre Macron, le président des riches & du lobby patronal qui promet de faire table rase de nos droits et de nos acquis, en premier la retraite en nous faisant bosser jusqu’à 65 ans !
Contre l’extrême droite qui fait le jeu des patrons en divisant les travailleur·euses avec leur projet raciste et autoritaire.
Pour défendre nos revendications immédiates face aux difficultés de la vie : hausse des salaires, minimas et pensions ; baisse du temps de travail pour travailler tous-tes et autrement…
Pour marquer notre solidarité avec les travailleur·euses du monde entier qui subissent la guerre, la colonisation ou l’autoritarisme, quittent familles et pays pour survivre ici.
Pour se libérer des exploiteurs et du capitalisme prédateur qui détruit notre environnement, abîme nos vies en nous faisant subir l’injustice sociale au quotidien.
Pour porter le projet d’un monde meilleur, égalitaire et autogestionnaire !
Ci dessous, la notice du « Maitron », dictionnaire biographique du mouvement ouvrier.
Né le 1er octobre 1867 à Paris, mort le 13 mars 1901 à Sèvres (Seine-et-Oise) ; militant de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; secrétaire adjoint en 1894, secrétaire général en 1895 de la Fédération nationale des Bourses du Travail constituée à Saint-Étienne en février 1892 ; socialiste et libertaire ; secrétaire général de la Chevalerie du Travail française, juin 1898-septembre 1899.
Venus du Piémont, les Pelloutier s’installèrent en France au XVIIe siècle puis s’expatrièrent en Allemagne et ne reviendront qu’après la mort de Louis XIV. Ces migrations successives ont pour cause leur non-conformisme religieux. Ils furent, en effet, disciples de Valdo avant d’embrasser la religion réformée. Après avoir lutté pour leur foi religieuse ils vont lutter pour leur foi politique. Un Pelloutier fut légitimiste ardent sous la monarchie de Juillet et organisa quelques complots, tandis qu’un autre — le grand-père de Fernand — fut fervent républicain à la même époque. « Fernand Pelloutier devait hériter du tempérament combatif de ses ascendants, a écrit son frère Maurice, et se dépenser — jusqu’à la mort — pour sa foi socialiste et révolutionnaire, comme ils s’étaient dépensés eux-mêmes sans compter pour leur foi politique ou religieuse. » À l’âge de douze ans, Fernand suivit son père fonctionnaire des postes nommé à Saint-Nazaire. Interne d’une pension religieuse, il tenta deux fois de s’échapper ; il en fut finalement chassé pour avoir écrit un roman anticlérical. Il entra alors au collège de Saint-Nazaire où il se révéla un élève brillant, mais fantaisiste. En 1885, il échoua au baccalauréat. Il se consacra alors au journalisme, collabora avec Briand à la Démocratie de l’Ouest et à différents journaux, fonda des revues… C’est au cours des années 1888-1889 que se manifesta, pour la première fois, ce lupus facial d’origine tuberculeuse qui devait finalement le terrasser une dizaine d’années plus tard. Un repos de quelques mois au bord de la mer sembla lui rendre la santé. De retour à Saint-Nazaire à l’automne 1889, il se jeta dans la bataille électorale et soutint Aristide Briand, candidat républicain radical aux élections législatives. Fernand Pelloutier, qui avait surestimé ses forces, vit son état s’aggraver. Il se résolut alors à l’inaction durant deux années. En juillet 1891, à peu près remis, il alla passer quelques mois à la campagne et, en janvier 1892, revint à Saint-Nazaire où il accepta les fonctions qu’on lui offrit de rédacteur en chef de la Démocratie de l’Ouest. Ses idées avaient évolué et son républicanisme s’était mué en socialisme : il adhéra au Parti ouvrier français de Jules Guesde et devint même secrétaire de la section de Saint-Nazaire. Parallèlement, il fut attiré par les questions économiques et contribua à la fondation de la Bourse du Travail de Saint-Nazaire.
Fernand Pelloutier, secrétaire de la Fédération des Bourses du travail. Coll. CEDIAS-Musée social/Fonds Monatte
Les 3, 4 et 5 septembre 1892, il participa à un congrès régional ouvrier (possibiliste) de l’Ouest (sur les possibilistes, voir Paul Brousse). Il s’y était préparé avec soin et avait déposé une « proposition de grève universelle » grève qui, pacifiquement et légalement, « même limitée à une période relativement restreinte, conduirait infailliblement le Parti ouvrier au triomphe des revendications formulées dans son programme. »
Le congrès ayant pris en considération cette proposition, Fernand Pelloutier s’efforça de convaincre Jules Guesde de la justesse de son point de vue. Il échoua et l’affrontement ultime se produisit à Nantes en septembre 1894 au 6e congrès national des syndicats. Vaincus, les guesdistes se retirèrent, abandonnant la place aux adeptes de la grève générale.
Fernand Pelloutier qui, à la suite de sa polémique avec Guesde, avait démissionné du Parti ouvrier français, était venu s’installer avec sa famille à Paris fin 1892-début 1893, son père ayant obtenu son changement. Son évolution spirituelle avait fait de lui un anarchiste qui s’ignorait, encore qu’il se montrât alors hostile à des hommes comme Joseph Tortelier et Émile Pouget, de même qu’à la « secte ravacholienne » (Ravachol) et condamnât le « verbiage révolutionnaire », « la gesticulation irresponsable » et « la propagande par le fait » (La Démocratie de l’Ouest, 1892). À Paris, la fréquentation de quelques libertaires marquants lui révéla sa propre conception du monde qui était celle d’un certain anarchisme ou mieux du syndicalisme révolutionnaire, doctrine qui sera « codifiée » dix ans plus tard au congrès d’Amiens.
En cette année 1895 qui le vit devenir secrétaire général de la Fédération nationale des Bourses du Travail, Fernand Pelloutier définit ainsi sa position dans un article « L’Anarchisme et les syndicats ouvriers » que publièrent les Temps Nouveaux le 20 octobre.
« Je sais — écrit Pelloutier — nombre d’anarchistes qui, par un préjugé jadis fondé d’ailleurs, se tiennent à l’écart des syndicats et, le cas échéant, les combattent, parce que pendant un temps cette institution a été le véritable terrain de culture des aspirants députés. » Mais, depuis deux ans, une évolution s’est produite et deux raisons ont motivé ce passage des syndiqués de la conception réformiste à la conception révolutionnaire. La première résulta de l’application, à partir de novembre 1892, des lois sociales promises depuis bien longtemps. Une loi qui se proposait pour but la protection de la femme et de l’enfant par la réduction du temps de travail eut pour conséquence la réduction des salaires dans certaines entreprises, le lock-out et l’extension du travail à domicile dans d’autres, bref se traduisit dans l’ensemble par une aggravation de l’exploitation. Les syndiqués pensèrent alors que la réduction de la durée du travail devait s’accompagner de la réglementation du prix du travail par de nouvelles lois. Mais ils constatèrent alors qu’une telle réglementation était immanquablement suivie d’une augmentation correspondante ou supérieure du coût de la vie. Dès lors, ils renoncèrent à faire appel à l’État et songèrent à faire leurs affaires eux-mêmes.
L’expérience leur apprit également qu’ils devaient être unis pour être victorieux mais « que leur propre division avait une cause plus élevée que la division des politiciens et que l’une et l’autre résultaient… de la politique ». Ils décidèrent alors « que dorénavant les agitations politiques leur resteraient étrangères, que toute discussion, autre qu’économique, serait impitoyablement proscrite de leur programme d’études et qu’ils se consacreraient tout entiers à la résistance contre le capital ».
Le terrain était prêt pour l’entrée des anarchistes dans les syndicats, et cette entrée eut un double résultat : « Elle apprit d’abord à la masse la signification réelle de l’anarchisme, doctrine qui, pour s’implanter, peut fort bien (…) se passer de la dynamite… individuelle : et, par un enchaînement naturel d’idées, elle révéla aux syndiqués ce qu’est et ce que peut devenir cette organisation corporative dont ils n’avaient eu jusqu’alors qu’une étroite conception. »
Pelloutier va développer ensuite une thèse qui montre que, pour lui du moins, le syndicalisme représente — dès 1895 — toute l’anarchie.
« Personne ne croit ou n’espère que la prochaine révolution, si formidable qu’elle doive être, réalise le communisme anarchique pur. Mais l’état transitoire à subir doit-il être nécessairement, fatalement, la geôle collectiviste ? Ne peut-il consister en une organisation libertaire limitée exclusivement aux besoins de la production et de la consommation, toutes institutions politiques ayant disparu ?…
« Or qu’est-ce qu’un syndicat ? Une association, d’accès ou d’abandon libre, sans président, ayant pour tous fonctionnaires un secrétaire et un trésorier révocables dans l’instant, d’hommes qui étudient et débattent des intérêts professionnels semblables. Que sont-ils, ces hommes ? Des producteurs, ceux-là mêmes qui créent toute la richesse publique. Attendent-ils pour se réunir, se concerter, agir, l’agrément des lois ? Non ; leur constitution légale n’est pour eux qu’un amusant moyen de faire de la propagande révolutionnaire avec la garantie du gouvernement, et d’ailleurs combien d’entre eux ne figurent pas et ne figureront jamais sur l’Annuaire officiel des syndicats ! Usent-ils du mécanisme parlementaire pour prendre leurs résolutions ? Pas davantage ; ils discutent et l’opinion la plus répandue fait loi, mais une loi sans sanction, exécutée précisément parce qu’elle est subordonnée à l’acceptation individuelle — sauf le cas, bien entendu, où il s’agit de résister au patronat. Enfin, s’ils nomment à chaque séance un président, un délégué à l’ordre, ce n’est plus que par l’effet de l’habitude, car une fois nommé, ce président est parfaitement oublié et oublie fréquemment lui-même la fonction dont ses camarades l’ont investi. Laboratoire des luttes économiques, détaché des compétitions électorales, favorable à la grève générale avec toutes ses conséquences, s’administrant anarchiquement, le syndicat est donc bien l’organisation à la fois révolutionnaire et libertaire qui pourra seule contrebalancer et arriver à détruire la néfaste influence des politiciens collectivistes.
« Supposons maintenant que, le jour où éclatera la révolution, la presque totalité des producteurs soit groupée dans les syndicats ; n’y aurait-il pas là, prête à succéder à l’organisation actuelle, une organisation quasi libertaire, supprimant de fait tout pouvoir politique, et dont chaque partie, maîtresse des instruments de production, réglerait toutes ses affaires elle-même, souverainement et par le libre consentement de ses membres ? Et ne serait-ce pas l’association libre des producteurs libres ? »
De 1895 à sa mort en 1901, Fernand Pelloutier fut véritablement l’âme de la Fédération des Bourses et il est difficile de résumer son action. Le labeur écrasant qui fut le sien — multiplication de tous les services des Bourses du Travail, et en particulier des services d’éducation, création d’une revue au titre si évocateur, L’ouvrier des deux Mondes, le 1er février 1897, qu’à partir de juin 1898, et durant treize mois, il confectionna intellectuellement et matériellement, collaboration à des journaux et revues… — aggrava considérablement son état. En septembre 1898, il revint exténué du congrès de Rennes. En janvier 1899, il s’installa dans un petit pavillon aux Bruyères de Sèvres, mais, déjà, il était condamné. En juillet, ses jours étaient mis en danger par une hémoptysie qu’il finit cependant par surmonter. Il vivait dans une gêne extrême, et un ami, Georges Sorel, ira trouver Jean Jaurès. Ce dernier sollicita Alexandre Millerand, ministre du Commerce, et obtint pour F. Pelloutier un emploi d’enquêteur temporaire à l’Office du travail. L’année 1900 ne fut pour le malade qu’un douloureux calvaire. Il trouva cependant encore la force d’assister au 8e congrès de la Fédération des Bourses qui se tint à Paris en septembre. Il en profita, dans une réplique au délégué de Lyon, pour montrer que le poste qu’il avait accepté à l’Office du travail ne le liait en aucune façon au gouvernement, et qu’il avait conservé sa complète indépendance. Mais Pelloutier était physiquement à bout ; il s’alita et ne se releva plus. Les quelques mois qui lui restaient à vivre ne furent pour lui qu’une lente et dure agonie. Il mourut le 13 mars 1901.
Avant tout constructeur et éducateur dans l’esprit de ce que sera le syndicalisme révolutionnaire, F. Pelloutier fut plus qu’un libertaire en milieu ouvrier, en ce sens que, plongé dans un monde qui voyait s’affronter sous couvert de prises de position syndicales les conceptions étroites de sectes politiques, il fut l’homme hors parti susceptible de réaliser l’union ou, du moins, celui qui permit l’équilibre. « Placé en dehors de nos haines politiques, il est le plus apte à tenir la balance égale entre tous les délégués », disait de lui, le 21 octobre 1897, un membre du comité fédéral qui n’était pas de ses amis « politiques » ; il fut approuvé à la quasi-unanimité.
Avec Fernand Pelloutier disparaissait, en 1901, à l’aube du mouvement ouvrier organisé, une des grandes figures du socialisme français.
Depuis le lancement de l’invasion russe en Ukraine le 24 février dernier, il est difficile de disposer d’informations locales issues du mouvement syndicaliste et anti-autoritaire et de diriger efficacement les soutiens en direction des militants anticapitalistes, libertaires, anti-guerre, déserteurs…
La CNT-SO a essayé de compiler dans cet article différentes ressources utiles : sites internet permettant d’obtenir une information présentant les initiatives et les démarches des ukrainien-nes ou russes anti-guerre et anticapitalistes et de leurs soutiens et surtout une liste de liens permettant de transmettre aides morales, techniques ou financières aux syndicalistes, militant-es ou groupes anti-autoritaires et anticapitalistes de la Région.
Les sites d’information syndicalistes ou libertaires (non exhaustifs mais relaient des choses intéressantes par forcément à la même cadence mais permettant d’essayer d’y voir plus clair) :