Le ministre de l’Éducation Nationale, J.M Blanquer veut « revaloriser » la voie pro, et ses projets sont autant d’attaques contre les statuts, les conditions de travail des personnels. Les autres grands perdants seront les élèves si on ne construit pas dès maintenant la mobilisation qui fera reculer le gouvernement !
Encore une fois c’est l’austérité qui se cache derrière cette réforme : la mixité des parcours et des publics, la spécialisation à un métier réduite à 2 ans en Bac Pro, la « co-intervention de professeurs »… entraînent la baisse des horaires disciplinaires (total enseignements professionnels et généraux : – 252 heures !) et donc des savoirs et des savoir-faire pour les élèves. Concernant les conditions de travail des PLP, nous ne pouvons que nous inquiéter du développement de l’apprentissage, filière aujourd’hui la plus ségrégative socialement, de la mixité des parcours et de l’annualisation du temps de travail (quid du recrutement à effectif réduit en CAP ?). Le regroupement des filières entraînera une réduction des postes. Surcharge de travail à prévoir avec la rénovation des programmes. Pour faire avaler la pilule on nous sort du placard une histoire (floue) de « chef-d’œuvre » à réaliser…
On nous parlait il y a quelques mois d’ « Harvard » du professionnel. Jolie formule (quoique…), mais n’oublions pas que les élèves de bac pro sont les premières victimes de Parcoursup et que les lycées sortent du dispositif d’éducation prioritaire. C’est encore une fois une vision élitiste et inégalitaire de l’École qui est mise en avant. Blanquer souhaite retarder la spécialisation professionnelle avec des secondes de détermination, pour selon lui, améliorer l’orientation des élèves. Dans l’intérêt des élèves ou dans celui du patronat ? Il souhaite aussi le « développement des formations tournées vers les métiers d’avenir ». Encore une fois, dans l’intérêt des élèves ou dans celui du patronat ?
Pour la CNT-Solidarité Ouvrière, ces annonces, après les mesures de com autour des CP à 12, sont clairement dans la lignée de la réforme du Bac et de Parcoursup : c’est vers un lycée pro aux ordres de l’entreprise que l’on s’oriente. Novlangue ultralibérale, renforcement des inégalités, apprentissage à tout va, manque de moyens, dégradation des conditions de travail des personnels : voilà l’École de Blanquer ! Pour nous le Lycée Professionnel est un héritage des combats de la classe ouvrière : il avait pour rôle de former intellectuellement les enfants des prolétaires ! Il est indéniable qu’aujourd’hui, s’il accueille de plus en plus d’élèves, ce sont la plupart du temps les plus pauvres. Oui, le Lycée Pro doit être réformé, voire même révolutionné. Nous ne sommes pas là pour former de simples exécutant-e-s, nous sommes là pour former à l’esprit critique, à l’expression d’une sensibilité, le LP, comme l’école en général doit être un lieu d’émancipation.
Pour nous l’École, de la maternelle à l’université, doit absolument former les adultes de demain aux univers professionnels, tout comme elle doit donner à tous-tes les « humanités » dont ils et elles ont besoins ! Nous sommes tous-tes des travailleurs-euses, mais nous voulons aussi philosopher, composer, admirer, cuisiner, aimer ce que le monde nous offre !