Au sortir du confinement, début mai, le ministre de la santé Olivier Véran annonçait le versement d’une prime aux personnels des EHPAD, et aux personnels des services d’aide à domicile pour valoriser leur engagement durant la crise sanitaire.
Cette mesure qui ne constituait que le minimum au regard des efforts fournis et des risques encourus, n’engageait en définitive que ceux qui y croyait, du fait de l’extrême complexité des modes de financement de l’aide à domicile. Dans les faits, le gouvernement qui ne finance pas l’aide à domicile directement (ce sont les départements pour l’essentiel) ne s’engageait à rien du tout. Cette fausse mesure entraine des inégalités criantes entre professionnels. Si les salariés des EHPAD peuvent y prétendre, on se retrouve dans certaines structures dans le cas de figure ou les salariés des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), financés par la sécurité sociale bénéficient de cette prime alors que leurs collègues du services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD), financés sur fonds départementaux en sont exclus.
Des primes de misère et qui continuent à diviser !
L’absurdité de la mesure a très vite entrainé d’autres inégalités pour celles et ceux d’entre nous pouvant malgré tout prétendre à cette prime. Dans les faits, seul une vingtaine de départements s’étaient engagés fin juillet 2020 à en verser une. Et quand la prime était promise, dans de nombreux cas nous étions loin du minimum de 1000 € promis. Dans la Vienne la prime est de 550 €, elle oscille entre 500 et 750 € dans les Landes, 500 € en Dordogne et en Deux-Sèvres, 400 € dans le Lot, 250 € en Seine Maritime… Le marché du moins disant était lancé.
Le mardi 4 août 2020 le Président Macron, face au mécontentement général (en région de très nombreux rassemblements d’aide à domicile furent organisés) annonce 160 millions d’euros (dont la moitié réglée par les départements) pour financer cette prime profitant à 320 000 salariés. Même si les détails de son application ne sont pas encore connus et nous inquiète à priori, il est d’ores et déjà certain que 200 000 salariés du particulier-employeur agissant auprès des personnes âgées, dépendantes, ou handicapées ne toucheront rien car exclus d’emblée du dispositif.
Professionnels du médico-social et professionnels du domicile, nous avons assuré durant cette crise qui n’est pas encore terminée un travail essentiel. Sans nous, sans notre attention au quotidien, sans notre rôle de relais avec les autres professionnels médicaux et les familles, il est plus qu’évident que le nombre de mort aurait été bien plus grand. Et encore une fois on nous ment, on nous divise et on nous prend pour des imbéciles.