[Espagne] La grève générale du 8 mars : une étape historique

La grève générale féministe du 08 mars aura mobilisé des millions de femmes à travers l’Espagne, le 08 mars. Une étape historique dont le modèle doit nous inspirer pour de prochains 08 mars et la lutte quotidienne pour l’émancipation et l’égalité des droits. Nous reproduisons ici, le bilan tiré par nos camarades de la CGT-E.

Communiqué CGT-E

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Plus de photos dans la galerie publiée sur le site de Rojo y Negro ( journal de la CGT-E)

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Celles qu’on avait vu danser étaient considérées comme des folles par ceux qui pouvaient entendre la musique. Nietzsche

Pour le secrétariat permanent du comité confédéral de la CGT

Hier, tout comme dans plus de 140 pays, de tous les continents, les femmes dansaient toutes ensemble la même danse contre patriarcat. Les rues étaient remplies de piquets de grève, on fignolait les pancartes, les ballons, les t- shirt, on se souriait avec une complicité enthousiaste. Et il avait les batucadas, les bruits de casseroles, les marches nocturnes, les occupations de locaux pour y passer la nuit, les assemblées de femmes, les réunions pour résoudre des problèmes syndicaux. La danse n’arrêtait pas. L’ambiance était à la fois pleine d’attente et d’espoir ; avec la certitude absolue que nous étions ensemble pour faire et pour changer l’histoire. ¡A las barricadas!

Un camarade de la CGT, me rappelait aujourd’hui que depuis vingt jours les médias parlent dans la presse et à la télé de la grève des femmes du 8 mars. C’est une couverture médiatique supérieure à celle de tous les appels précédents à la grève générale. Maintenant c’est une grève légale, licite et morale. Elle répond au besoin de rendre visible une dette d’injustice sociale et de lutte engagée directement et sans faux-fuyants, avec un sens de la cohérence et de l’obstination qui grandit la classe ouvrière dans son ensemble.

On a voulu nous enterrer sans savoir que nous étions des graines. Et nos idées, nos émotions étouffées par tant d’années d’éducation et de répression fleurissent. Nous devons refuser la compétition qu’on nous a inculquée aux unes et aux autres. Nous devons nous reconnaître comme égales, avec la même solidarité intangible que les opprimés possèdent.
Nous ne sommes ni des folle ni des fous C’est le monde qui nous entoure et qui nous étouffe, nous exploite et nous refuse, c’est ce monde qui nous utilise et nous déstabilise. La masculinité n’est pas un danger, c’est l’usage qu’on en fait et c’est celui que nous connaissons qui rend le monde dangereux et hostile. C’est pourquoi nous allons toutes et tous faire grève d’un même pas, avec le même espoir, avec les mêmes consignes. Notre lutte est collective et de genre, en ce concerne les luttes violentes sur ce plan, et c’est justement qui nous donne de la force et de la cohérence.

Ce n’est pas une grève habituelle. Le taux de participation même s’il dépasse toutes les attentes imaginables demeure trop patriarcal et géographique pour rendre compte de l’avancée émancipatrice que constitue cette grève générale pour que la société devienne consciente. Nous parlons de réveiller sans ménagement, de rappeler des blessures vitales, de demander réparation et d’être reconnues comme la couche la plus inférieure du corps social sans que nous en ayons honte, et d’avoir nos espaces de vie. Nous parlons d’un changement collectif de bon sens qui nous place au centre et qui respecte la vie

Les taux de participation en dépit des tentatives désespérées du patriarcat, du capital et de ses partisans, sont insuffisants pour arrêter le tsunami féministe. Nous avons désobéi ironiquement au gouvernement en reprenant à notre façon sa proposition aberrante de grève à la japonaise, qui prétendait que nous soyons plus efficientes et plus soumises. Par réaction, le gouvernement nous a rendues plus combatives et plus participatives. Ce que le gouvernement appelle le « lobby de l’élite féministe » s’est uni contre le pouvoir et l’accumulation de davantage de pouvoir pour demander le respect, pour changer les normes, pour détruire l’oppression et rendre le monde plus rationnel et moins individuel

Espérons camarades, femmes et hommes, que nous aurons la chance de pouvoir raconter à nos petits-enfants que nous avons lancé et nous avons participé à cette grève générale de 24 heures et cela a changé le monde que nous connaissions, simplement parce que nous avons osé le rêver et le désirer différent et que nous l’avons fait.

SANS NOUS, LES FEMMES, LE MONDE NE PEUT PAS TOURNER.

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