Lettre ouverte des personnels de l’Education pour un « plan d’urgence » dans les quartiers nord de Marseille

Face à une situation d’extrême tension alimentée par la détresse sociale, les inégalités socio-spaciales, les carences d’équipements et l’abandon des services publics dans les « quartiers nord » de Marseille, les personnels de 10 établissements du secteur adressent une lettre ouverte au gouvernement et élus locaux revendiquant un « plan d’urgence » pour les quartiers et établissements scolaires de ces territoires. La CNT Solidarité Ouvrière Éducation & Recherche 13 soutient l’initiative.

lettre-ouverte

M. le Ministre de l’Education Nationale,
M. le Recteur de l’Académie d’Aix-Marseille et M. le DASEN des Bouches du Rhône,
M. GAUDIN, Maire de la ville de Marseille, M. MUSELIER, Président du Conseil Régional PACA, Mme VASSAL, Présidente du Conseil Général 13,
Mme la Sénatrice Samia GHALI, M. RUZE maire de secteur,
M. AHAMADA , député de la 7° circonscription des Bouches-du-Rhône et M. MELENCHON, député de la 3° circonscription des Bouches-du-Rhône.

Objet : Alerte à propos de la situation des établissements des bassins Marseille- Madrague et Marseille-Vieux-Port et autres secteurs de Marseille.

Copie aux organisations syndicales et à la presse.

Le 7/12/2017.

Mesdames, Messieurs,

Si nous nous adressons à vous, c’est pour vous alerter sur la situation très inquiétante de nos établissements depuis la rentrée 2017. En effet, aujourd’hui, nos équipes sont confrontées à une violence sans précèdent et à un climat scolaire profondément détérioré.

Des faits graves sont notés à la fois dans l’enceinte de nos établissements (insultes et menaces sur les enseignants et agents, violences physiques et verbales entre élèves…), mais aussi depuis l’extérieur de nos établissements : attaques aux voitures bélier contre le LP l’Estaque et le Collège l’Estaque, bagarres récurrentes de jeunes ou de parents devant les enceintes des établissements, attaques de bande contre des élèves des établissements… Chaque établissement est à même de faire un compte-rendu détaillé des évènements subis depuis le début de l’année scolaire

Le degré de tension que nous ressentons quotidiennement depuis la rentrée dans les territoires où sont situés nos établissements est certainement à la racine de tout cela. La grande misère et le désespoir des jeunes et de leur famille face à un avenir de plus en plus incertain, expliquent en grande partie ces tensions.
L’abandon de ces quartiers est visible à tous les niveaux : faible desserte des transports en commun, insuffisance criante des équipements sportifs, offre de formation trop limitée pour les jeunes issus de ces quartiers, carence évidente des moyens de service public et des services publics eux-mêmes ….
Ce sont aussi les décisions politiques prises par les pouvoirs publics qui amplifient ce sentiment d’abandon : l’arrêt programmé des politiques d’éducation prioritaire pour les lycées du Bassin Littoral Nord et la suppression de très nombreux contrats aidés, non seulement dans les établissements mais aussi dans tout le tissu associatif local, constituent des exemples criants.
L’équilibre dans ces quartiers, tient souvent à un fil. Fil qui est en train visiblement de se rompre.
Nos établissements ont toujours su accueillir un public issu de classes populaires. Mais nous assistons véritablement à une ghettoïsation, que nous refusons et combattons.

C’est pourquoi nous exigeons :

– Un plan d’urgence pour les établissements de nos territoires (écoles, collèges, lycées et LP) avec un renforcement des personnels enseignants, de vie scolaire, de santé et d’assistance sociale, d’entretien et d’administration.
– Le remplacement systématique des personnels absents.
– Face à la pression démographique, l’agrandissement, la rénovation des établissements anciens et la construction de nouveaux établissements sont urgentes.
– Une réponse rapide de la part du Ministère sur l’avenir du classement « éducation prioritaire » et des moyens afférents pour les lycées et LP, ainsi qu’une prévision des moyens qui en résulteront.
– Le remplacement des contrats aidés supprimés depuis la rentrée par des embauches sur des emplois pérennes.
– Un effort budgétaire conséquent pour le développement du tissu associatif local, élément décisif de cohésion sociale.
– Une action urgente de la Municipalité, du Conseil départemental et du Conseil Régional pour résoudre enfin les inégalités liées aux transports.
– Une action urgente de la Municipalité, du Conseil départemental et du Conseil Régional pour renforcer les équipements collectifs, notamment sportifs.

Nous espérons une réponse rapide à nos demandes.