Les 13 et 14 novembre se déroulaient les élections des représentants étudiants des conseils centraux de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3. Ce scrutin se déroulait dans un contexte de généralisation de la sélection sociale en Licence et Master.
Dans les filières sous tension (où le nombre de places est limité sur volonté de la présidence de l’université), de nombreux étudiants témoignent sur les réseaux sociaux d’une ambiance de plus en plus délétère année après année, générant mal-être et insécurité. La menace planant depuis cet été sur le maintien des secondes évaluations et de la compensation des semestres n’a fait qu’accroitre ce climat anxiogène. Quelques mois après le massif mouvement de grève du printemps dernier, l’heure était à l’étouffement des revendications étudiantes et à la répression violente de la part de la présidence de l’université. Après nous avoir expulsés illégalement de nos locaux, harcelé nos élus, molesté violemment des étudiants et exclu ceux qui ont osé demander sa démission dans les médias, la présidence de l’université est allée jusqu’à tenter de nous empêcher de déposer nos listes lors de ce scrutin.
Dans ce contexte, ou certains responsables administratifs appelaient ouvertement à voter contre nous jusqu’aux abords du bureau de vote, notre liste indépendante « Fac Off », menée avec le Comité Etudiant Indépendant et l’Association des Etudiants en Master et Doctorat de Montpellier, était l’unique à s’opposer ouvertement à la présidence de l’université, en relayant les revendications du mouvement étudiant dont celle de la démission de Patrick Gilli. Seule liste à présenter un bilan complet de nos actions au cours des dernières années, nous avons eu la surprise de constater une curieuse « union sacrée » entre trois autres listes : « votez pour n’importe qui mais pas pour le SCUM ». Si voir les parisiens du Bureau National de la fantomatique UNEF délivrer le même discours que la liste de l’ADEM3/AGEM était surprenant, l’attitude de la liste « Solidaires Etudiant-e-s » l’était certes beaucoup moins : par exemple en septembre, certains membres de cette liste, avaient directement participé à la répression contre notre syndicat en section disciplinaire.
Patrick Gilli désavoué
Seule liste clairement opposée à la présidence de l’université, la liste d’union « Fac Off » double son nombre de voix et fait du SCUM une force incontournable : 5 sièges au total, soit 2 sièges de plus que les listes SCUM et CEI il y a deux ans.
Si cette forte progression constitue bien entendu un camouflet envers la politique de la présidence de l’université, son désaveu est en réalité bien plus large. Ces élections devaient sanctifier un « retour à la normale » après de nombreux mois de forte mobilisation étudiante contre la sélection mise en place par la présidence de la fac. Or, la quasi-totalité des étudiants a refusé de participer à cette mise en scène : seuls 1426 étudiants se sont déplacés pour voter lors de ce scrutin, soit à peine 7,6% des étudiants inscrits, et surtout plus de deux fois moins que lors de l’Assemblée Générale étudiante du 27 mars 2018, qui avait voté la grève illimitée et décidé de ne plus reconnaître Patrick Gilli comme président de l’université.
Cette faible participation prouve que les mouvements sociaux ont plus de légitimité que les scrutins électoraux universitaires.
Le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM) continuera à lutter contre la sélection, les politiques précarisantes, l’omerta sur les harcèlements sexuels et plus largement à défendre notre droit à un avenir face à la présidence de l’université et aux politiques gouvernementales.