L’année 2018 commençait sur une note positive. Le 7 janvier, Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, avait annoncé sur twitter que « L’université va dire oui à tout le monde, tous les étudiants seront inscrits dans la formation de leur choix mais elle va adapter les parcours ». Revirement à 180 degrés ? « Fake news » ? Nous nous étions même inquiétés de la santé de la ministre, qui avait fait voter par l’Assemblée Nationale en décembre 2017, le « Plan étudiants », qui généralise la sélection à l’entrée de l’université. Finalement, nous voici rassurés sur la santé de la ministre, et beaucoup moins sur l’avenir de milliers de jeunes : il s’agissait juste d’une opération de communication gouvernementale.
Ce mardi 9 janvier, le Conseil des Études et de la Vie Universitaire (CÉVU) de l’université Paul Valéry – Montpellier 3 se réunissait sous la houlette du président Patrick Gilli. Au programme du jour, dans ce conseil déserté par les élus étudiants (mis à part les élus SCUM, seuls le CEI, l’ADEM3 et la Corpo avaient fait le déplacement), la réforme de l’accès au 1er cycle universitaire, le fameux « Plan étudiants ». Il s’agissait ici de définir et voter la mise en place des « attendus locaux », décidés dans l’opacité la plus totale par la direction au cours des vacances de Noël. Ces « attendus locaux » sont les critères de sélection que chaque université définit librement afin de sélectionner ses futurs étudiants en première année de Licence. Surpris de n’avoir eu connaissance des documents qu’au moment du vote, au lieu du délai de 9 jours fixé par la loi, les élus SCUM et indépendants ont demandé un report de l’étude de cette question à une date ultérieure. La direction de l’université refuse immédiatement sous le prétexte que les délais seraient trop courts pour faire remonter les « attendus » au ministère.
Concernant le contenu de ces « attendus locaux », les élus SCUM et indépendants ont pointé le « tri social » qu’ils entraînent. Ainsi, l’université Paul Valéry exige des bacheliers d’avoir le BAFA, une formation payante, pour certaines licences, ou encore d’avoir eu le temps et la possibilité d’avoir déjà eu un « engagement dans une activité collective de type humanitaire, culturel ou sportif », ou encore d’avoir suivi des cours de musique. Sans compter l’obligation pour les bacheliers de fournir leurs notes de Première et Terminale, assortie de celles de fournir les bulletins de toutes les années redoublées. Le SCUM a soutenu les deux motions du Comité Étudiant Indépendant, qui visaient à ne pas faire remonter au ministère ces « attendus locaux », et à ne pas pratiquer de sélection en L1.
A l’université Paul Valéry, le baccalauréat ne garanti désormais plus l’accès à l’enseignement supérieur. Le tri sera désormais fait sur une partie du parcours scolaire, ainsi que sur la capacité du « candidat » et de sa famille à payer des activités et formations extra-scolaires.
Bien entendu, l’ensemble des élus étudiants présents à voté contre le tri social en première année de licence instauré par la direction de l’université.
Cette dernière a ensuite soumis au vote les quotas d’accueil en Master 1. Comme nous l’avions déjà dénoncé il y a quelques temps, les documents fournis lors de ce CÉVU montrent que l’université Paul Valéry a refusé trop d’étudiants par rapport à ses propres quotas ! Ainsi, la spirale élitiste initiée par la direction se referme sur elle tel un piège, avec seulement 2466 étudiants inscrits en Master, pour 3489 places disponibles. De quoi laisser un goût amer aux centaines d’étudiants jetés sur le carreau par la politique de sélection drastique de l’université lors de la rentrée de septembre 2017.
Pour la rentrée universitaire de 2018, la présidence a décidé de réduire globalement les quotas d’accueil en Master 1 (-399 places). La logique la plus élémentaire pourrait laisser penser que cette baisse impacte uniquement les Masters ou peu d’étudiants s’inscrivent. A l’université Paul Valéry, la logique est toute autre puisque c’est en psychologie qu’on retrouve les baisse les plus importantes. Alors que pour cette année 293 étudiants sont inscrits dans un master 1 de psychologie, il ne restera plus que 200 places à la rentrée de septembre 2018.
A l’université Paul Valéry, la sélection sociale drastique se renforce encore une fois, au détriment des bacheliers et étudiants issus des milieux les plus précaires ou au parcours scolaire un peu sinueux. Pour le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM), la bataille contre l’élitisme de la direction ne fait que commencer.