La CNT-SO vient d’interpeller par courrier, le premier ministre François Bayrou, au sujet des travailleur·euses dispersé·es, dont le cadre d’exercice du droit syndical est toujours en attente de publications de décrets depuis 1968 ! C’est la première étape d’une procédure devant la justice administrative si le gouvernement ne se met pas en conformité.
Des millions de travailleuses et de travailleurs sont « dispersés » géographiquement au travail, notamment à cause de la sous-traitance et de l’intérim.
Elles/ils sont de par leur mise à disposition chez des tiers, leur mobilité, leur isolement, leur précarité, les premier-e-s à subir mauvaises conditions de travail, infractions à leurs droits salariaux, chômage structurel, « jetabilité », pression de rentabilité…
L’intérim et la sous-traitance ont ainsi été de véritables laboratoires de la casse des droits et des entorses faites au Code du travail au fil des gouvernements successifs !
Dans notre société prétendument démocratique et sociale, les libertés syndicales pourtant fondamentales, sont totalement oubliées alors qu’elles sont essentielles à permettre l’information et la défense des salariés.
De ce fait, les liens entre les représentants syndicaux et les salariés de plus en plus exploités sont de plus en plus distendus, quand ils ne sont pas tout bonnement rompus.
La représentation syndicale affaiblie, les droits sont toujours de plus en plus bafoués.
Face à ce constat des difficultés d’exercice des libertés syndicales notamment dans le contexte de dispersion des travailleuses et des travailleurs, la loi prévoit des décrets d’application à l’article L2141-12 du code du travail afin de définir le cadre de l’exercice des libertés syndicales.
Pourtant, les différents premiers ministres et gouvernements bourgeois successifs depuis 1968 ont totalement oublié de prendre ces mesures réglementaires et de mettre en place des décrets d’application de l’article L2141-12 du code du travail.
Cet oubli n’est pas sans conséquences offrant ainsi un affaiblissement sans pareil de la représentation syndicale à l’avantage, notamment, des sociétés d’intérim et de sous-traitance.
Ces entreprises profitent très avantageusement de la dislocation des forces syndicales et des collectifs de travailleurs grâce aux zones d’ombre délibérément entretenues par cet « oubli ».
Pour ajouter à son amnésie, la bourgeoisie au pouvoir est sourde, aveugle et muette, terribles maux qui la frappent depuis si longtemps.
Réparer ces « oublis », permettra enfin aux syndicats et aux travailleurs précaires et dispersés de bénéficier des moyens légaux nécessaires à rétablir du lien, véhiculer et recevoir de l’information, s’organiser, se défendre en cas de difficultés, faire corps et faire face ensemble et se battre pour leurs droits…
La CNT-SOLIDARITÉ OUVRIERE, forte de son expérience, fidèle aux luttes des travailleuses et des travailleurs et aux principes de l’anarcho-syndicalisme qui guident son action, sait comment sortir le gouvernement de son amnésie et le contraindre à prendre les décrets qu’il devait déjà prendre il y a plus de 56 ans !
La Liberté syndicale ne sera pas qu’un vain mot au sein d’une devise sans substance !
Pour cela, la CNT SOLIDARITÉ OUVRIÈRE a décidé d’attaquer le gouvernement Français devant le Conseil d’État pour exiger qu’il publie enfin les décrets d’application tant attendus depuis 56 ans.