Pour donner des gages d’ouverture sociale, Bayrou a rouvert le dossier des retraites. Après une expertise de la cour des comptes, rendu le 19/02, un «conclave» est ouvert depuis le 27/02, réunissant représentants patronaux et syndicaux. Avec un cadre très contraint et sans rapports de force, les travailleur·euses n’auront rien à attendre de cette mascarade…
Faute d’accord alternatif dans les 3 mois impartis, la réforme de 2023 et le passage à 64 ans, continuera à s’appliquer. Les représentants patronaux (MEDEF ou CPME) ont déjà annoncé la couleur avec des positions fermes ou de nouvelles provocations : refus clair de revenir sur l’âge de départ à 64 ans ou volonté d’aller plus loin, promotion de la retraite par capitalisation et même proposition de supprimer des jours fériés ! Du coté syndical, l’unité de façade de 2023 est fissurée entre les partisans d’une ligne ferme sur les 64 ans et la volonté de négocier malgré tout chez les réformistes.
Pire, Bayrou vient de durcir les règles du jeu avec une lettre de cadrage du 26/02 qui impose aux négociateurs de trouver un retour à l’équilibre dès 2030 alors qu’auparavant il était simplement demandé de ne pas aggraver le déficit !
Un nouveau coup de pression alors que Bayrou avait raté le précédent en anticipant un trou de 55 milliards en 2030, contredit par le rapport de la cours des comptes. Celui-ci produit des estimations proches de celles du COR (Conseil d’orientation des retraites) : le système, excédentaire en 2023, connaîtrait actuellement un déficit annuel de 6 milliards qui évoluerait vers les 15 milliards en 2035.
Alors dans ce contexte, le retour à l’équilibre demandé par le gouvernement est-il possible ou est-ce-qu’on va encore nous demander des sacrifices ? Mettons en parallèle ce « déficit » avec d’autres chiffres : record de 98 milliards de dividendes remis aux actionnaires du CAC 40 en 2024; exonérations de cotisations sociales pour les entreprises coûtant chaque année environ 80 milliards, sans contreparties ni bénéfices sur l’emploi et les salaires; fraude sociale des employeurs (travail dissimulé) … Les leviers de financement ne manquent pas.
De l’argent il y en a : le système par répartition n’est pas menacé ! Les politiques menées ont pour but de préserver les profits de la sphère actionnariale et patronale qui exploite notre travail et vit sous perfusion d’argent public. La masse de richesse que nous produisons est largement suffisante, elle doit nous revenir !
Nous continuons toujours de revendiquer l’abrogation de la réforme 2023 et le retour sur les contre-réformes depuis 1993 : la retraite c’est 60 pour tous·tes et 55 ans pour les métiers pénibles !
Pour la CNT-Solidarité Ouvrière, syndicat révolutionnaire, notre combat ne saurait s’arrêter à un peu plus de « justice sociale » dans le cadre du système actuel. Mortifère pour la planète, basé sur l’exploitation du travail du plus grand nombre par une minorité, il n’y a pas de capitalisme à visage humain. La répartition égalitaire des richesses et du travail ne pourra se faire que dans le cadre d’une rupture avec le capitalisme. C’est à cette transformation sociale que nous œuvrons.
Alors dans l’immédiat qu’est-ce qu’on fait ? Il est indispensable de tirer les leçons de nos échecs précédents : on ne renversera pas la table avec des journées de mobilisations éparpillées ou en comptant sur la mobilisation de secteurs clefs isolés. Seul un rapport de force global sur la durée apporterait des résultats. A nous de nous organiser collectivement à la base, pour construire une nouvelle mobilisation pour les retraites à articuler avec les combats contre l’austérité, pour les salaires et contre les galères de la vie chère.
Travailleur·euse, pour mener ce combat : rejoins ton syndicat !

…..
Version du 21 février
