Communiqué de la fédération Education & Recherche CNT-SO sur la réouverture des établissements

Emmanuel Macron, qui semble redécouvrir la réalité sociale ces derniers temps, disait vouloir réouvrir les écoles pour ne pas « creuser les inégalités ». Mais si l’on va au delà des effets d’annonce, cette rentrée mal pensée, mal concertée, c’est sur le dos des plus démunis qu’elle se fait ! Regardons de près toutes les implications d’une reprise à partir du 11 mai…

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Des décisions verticales et contradictoires

Comment aborder cette rentrée en confiance alors que, comme d’habitude, Jean-Michel Blanquer se passe de toute concertation ? Pas de concertation avec les collectivités locales, ni avec les syndicats, ni avec les associations de parents d’élèves (un collectif au nom évocateur « parents pas confiants » s’est d’ailleurs constitué)… Pas de concertation manifestement avec son propre gouvernement, tant ces derniers jours amènent d’effets de girouette, d’annonces et contre-annonces.

Plus inquiétant, sous prétexte de l’urgence, les règles sanitaires de la sortie du confinement sont décidées d’en haut et les CHSCT sont transformés en boite d’enregistrement, sans pouvoir y défendre les réserves et critiques émanant des personnels.

Rentrée ? Non ! Parlons plutôt de péril sanitaire !

La rentrée annoncée à partir du 11 mai, pour les plus petit·e·s est un non-sens sanitaire. Elle ne peut que favoriser la remise en circulation du virus alors que l’épidémie n’est pas enrayée et que tous les doutes sont loin d’être levés sur la contagiosité des enfants ni sur la dangerosité du virus sur ce public. Les préconisations du conseil scientifique du 20 avril étaient pourtant claires : la rentrée devrait se faire en septembre ! Contraint d’acter une décision « politique » et non sanitaire, le conseil scientifique a émis des recommandations très strictes dans son avis du 24 avril. Le ministère semble les avoir reprises selon les fuites de la version provisoire du protocole ministériel, notamment dans la presse. Pour autant à une dizaine de jours de l’échéance, aucun document n’a été officiellement communiqué aux personnels ou collectivités qui doivent les mettre en application.
Au delà de ce catalogue de bonnes intentions, il est illusoire et dangereux de croire à la possibilité d’un respect effectif des gestes barrière, tout particulièrement chez les plus jeunes. Comment imaginer que chaque enfant se lave 6 fois les mains par jour en toute sécurité alors que les points d’eau, trop peu nombreux, sont souvent concentrés en un seul endroit de l’école ? Comment imaginer que dans les crèches, dans les écoles, les jeunes enfants évitent tout contact ?
Comment faire cours quand de nombreuses salles de classe ne disposent pas de ventilation dignes de ce nom ? Que dire de l’état des sanitaires dans les collèges et les lycées ? Nous payons une fois de plus des décennies d’abandon par les pouvoirs publics de la mission d’éducation, jusque dans les locaux qui l’abritent.
Sans parler de la désinfection pluri-disciplinaire des salles qui, dans l’état des effectifs actuels, paraît mission impossible. Que dire en effet des personnels techniques des établissements qui devront assurer un travail continu pour maintenir des conditions d’hygiène optimales ? Ce sont les personnels les plus précaires, souvent plus âgé·e·s et ce sont elles et eux qu’on met cyniquement en danger.

N’ayons pas la mémoire courte : revenir dans ces conditions à l’école, c’est relancer l’épidémie, exposer nos vies, et par ricochet, celle des personnels soignants. Nous refusons d’être les vecteurs de cette deuxième vague !

Ouvrons les yeux : pourquoi privilégier le retour de ceux qui pourront le moins appliquer les protocoles sanitaires ?

Une école-garderie ? Ce sera sans nous !

Les dernières annonces d’Edouard Philippe le confirment : la réouverture des écoles n’a ni un but pédagogique ni un but social – mais un unique but économique.

Faire rentrer les plus petits dès le 11 mai, les 6ème et les 5ème dès le 18, c’est faire rentrer tous ceux et celles qui ne peuvent se garder seul·e·s à la maison. En Belgique, au Luxembourg, la rentrée commence avec les plus grands, d’autres ont fait le choix de septembre. Chez nous, tout d’un coup, l’acquisition de compétences, le suivi pédagogique pour ceux et celles qui passent des examens cette année, le bouclage des programmes dont on nous rabat tant les oreilles, bref tous leurs objectifs habituels volent en éclats ! Car seule compte la reprise du travail des parents qui doivent faire tourner l’économie coûte que coûte. Et le coût, en l’occurrence, sera cher payé !

Devant l’incompréhension voire la colère provoquée par la décision solitaire de Jupiter, le gouvernement a été obligé de rétro-pédaler et de proposer un volontariat pour les élèves. Outre le caractère odieux de l’individualisation de la responsabilité – protégez vous si vous voulez ou pouvez – cette décision révèle encore plus les fractures de classe qui parcourent notre société. N’est pas volontaire qui veut. La mesure ne s’adresse au final qu’à une partie des enfants du 1/3 des salarié·e·s actuellement en télétravail, en grande partie des cadres. Les familles ouvrières, elles, n’auront pas le choix alors que les dispositifs de garde d’enfant vont être restreints dans le privé tout comme l’activité partielle. Tout le reste est mensonge !

Enfin, posons nous les questions pédagogiques : à quoi sert l’école lorsqu’elle doit ouvrir dans de telles conditions ? En classe, on vient pour travailler ensemble, pour s’entraider, pour coopérer : comment le faire avec cette préoccupation constante de la distanciation ?

Le lycée professionnel avant le lycée général : Pourquoi ? Une fois de plus, les plus précaires sont en première ligne. La voie professionnelle représente 1/3 des lycéen·ne·s, élèves qui subissent davantage la précarité sociale et économique que les autres et qui sont de fait plus « décrocheurs ». Sous couvert de lutte contre les inégalités, le gouvernement les renvoie dans les ateliers en pleine crise sanitaire. N’oublions pas la dernière réforme de Blanquer pour la voie pro : le résultat est la baisse des horaires disciplinaires et donc des savoirs et des savoir-faire.
Non les personnels ne vont pas pallier toutes vos carences et incompétences !

Au sommet de l’État, la déresponsabilisation bat son plein… Édouard Philippe nous assure toute sa « confiance » : « Je veux laisser le maximum de souplesse au terrain », a-t-il dit . « Les directeurs et les collectivités trouveront les solutions ». Ce renvoi au local n’est pas une brusque conversion à la démocratie horizontale… Il masque – mal – la volonté du gouvernement de se déresponsabiliser, de se défausser sur les travailleur·euse·s, dans la droite ligne du libéralisme. Les risques c’est pour nous, les profits, pour eux et leurs amis capitalistes !
Ce basculement des responsabilités est d’autant plus scandaleux au vu des incompétences du gouvernement pour acquérir masques et tests indispensables.

Dans le même registre, Blanquer pouvait bien claironner que tout était prêt au début du confinement, c’est uniquement le professionnalisme et la bonne volonté des collègues qui a permis d’assurer la permanence pédagogique et le lien avec les élèves. Blanquer souhaiterait maintenant que nous reprenions les cours en présentiel tout en maintenant aussi l’enseignement à distance… Hors de question !
Encore une fois, même de leur point de vue, tout est flou : volontariat ou absences des personnels, maintien des ASA pour garde d’enfant… La seule certitude semble le maintien des collègues « à risque » en télé-travail ou ASA, encore heureux !

Pour nous, d’ici septembre, les cours ne peuvent plus reprendre. Dans le contexte sanitaire strict, seule une ouverture minimale des établissements avec les personnels volontaires est envisageable, pour assurer la permanence du lien avec les élèves et leur famille (orientation, aide sociale, liaison pédagogique…). Les établissements doivent aussi rester comme depuis le début du confinement des espaces de solidarité sans restrictions ni menaces ! Encore une fois, heureusement que les personnels ont pallié les défaillances de l’état, pour aider de nombreuses familles en extrême précarité.

L’Etat au secours des plus vulnérables ! De qui se moque-ton ?

Édouard Philippe a justifié “la réouverture des écoles” par le fait de “garantir la réussite éducative des élèves, notamment les plus vulnérables d’entre elles/eux, dont la scolarité souffre terriblement du confinement”.
Quelle bonne volonté sociale soudainement affichée par ce gouvernement ! Quelle indécence pour l’équipe macroniste qui n’a eu de cesse de faire des cadeaux aux plus riches et de tourner le dos aux plus fragiles ! Quelle hypocrisie alors que les mesures d’urgence sociale restent minimalistes au regard des centaines de milliards consentis sur fonds publics pour sauvegarder les entreprises et leurs actionnaires. Pour ce qui est de solidarité pendant cette période de confinement, certaines familles se sont vues retirer les aides pour la cantine, se retrouvant dans une situation plus précaire que jamais. Nous n’oublions pas non plus la diminution des fonds sociaux des EPLE…
Pour ce qui est de l’école, les coupes budgétaires, les mesures de carte scolaire, augmentant mécaniquement le nombre d’élèves par classe au détriment des plus fragiles, n’ont pas été suspendues pendant le confinement, bien au contraire. Dans l’éducation prioritaire qui a fondu ces dernières années (sortie des lycées), la réforme phare des dédoublements en CP-CE1 se fait à moyens constants et pire encore, les pertes de moyens vont aussi impacter les collèges REP+ de certaines académies !

La fédération CNT-SO Education & Recherche revendique :

• Pas de reprise générale des enseignement·e·s avant septembre !
• Ouverture minimale des établissements pour assurer le lien avec élèves et familles, sur la base du volontariat
• Droit pour les enseignants à demander à rester en télétravail ou en ASA garde d’enfant
Pour les parents :
• Maintien de la totalité des aides aux familles
• Congé pour garde d’enfant, rémunéré à taux plein pour les parents ne pouvant pas faire le choix du télétravail.

Confédération interprofessionnelle, la CNT-SO défend aussi des revendications sociales et syndicales plus larges, pour l’ensemble de la classe ouvrière : voir notre plate-forme revendicative.

Il faut dès maintenant décréter l’état d’urgence sociale ! Pour nous cela signifie concrètement :
• Le gel des loyers, des crédits immobiliers et des factures énergétiques !
• Des réquisitions massives pour les loger les personnes à la rue et les plus fragiles ! La fermeture des CRA !
• Le renouvellement automatique des CDD et contrats Interim !
• L’annulation immédiate de la dernière réforme du chômage et de la réforme des retraites Macron !
• L’interdiction des ruptures de contrats et licenciements !
• Un plan d’urgence pour les hôpitaux à hauteur des besoins formulés par les soignant·e·s !

Et en septembre ?

Nous ne nous faisons pas d’illusion : il n’y aura pas de retour à la normale sanitaire d’ici septembre. Si nous devons continuer à enseigner en petits effectifs et à faire appliquer des gestes barrière, cela ne peut se faire qu’en mettant fin la politique de casse systématique de l’éducation. C’est pourquoi nous réclamons :
• l’annulation des suppressions de postes (mesures de cartes scolaires), 440 postes dans le second degré malgré hausse des effectifs
• une revalorisation de la politique des zones d’éducation prioritaire, particulièrement impactées pendant cette période de confinement
• la revalorisation des secteurs psycho-sociaux et médicaux
• une pression plus forte sur les collectivités locales et régionales pour maintenir des locaux offrant des conditions de travail et sanitaires satisfaisantes

COVID-19 : exercer son droit de retrait dans l’Education

L’opposition monte contre la décision, plus politique et économique que sanitaire, de reprise d’activité dans l’éducation. La fédération CNT-SO de l’Education et de la Recherche y est opposée. En cas de maintien de l’ouverture des établissements scolaires par le ministère après le 11 mai, il est important pour les personnels et les équipes syndicales de connaître les droits et le cadre réglementaire dans le domaine de l’hygiène et de la sécurité. Tour d’horizon avec ce tuto d’auto-défense syndicale centré sur la question du « droit de retrait ». Ce droit individuel ne s’oppose pas bien sûr à l’action collective !

La fiche « COVID-19 – se défendre dans l’éducation » :

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Solidarité COVID19, ne comptons que sur nous-même !

Si le confinement est une nécessité sanitaire cela provoque aussi une crise sociale sans précédent pour les populations les plus précaires. Le gouvernement arrose actuellement les entreprises à milliards pour « sauver l’économie » mais agit peu pour les plus démunis. C’est politique est criminelle ! Pour faire face à cette urgence sociale, de nombreuses initiatives de solidarité voient le jour à Marseille notamment du coté des personnels de l’Éducation. Ces derniers jours, ces initiatives ont reçu des coups de pression de la hiérarchie notamment pour ne plus utiliser les établissements scolaires comme base de la solidarité ! Honte à eux, là aussi on s’en souviendra ! La CNT-SO Education & Recherche 13 apporte tout son soutien à ces initiatives et invite à y participer. Voir la liste ci-dessous.

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Collectes de solidarité des établissements scolaires de Marseille :

Collège Rosa Parks :
https://www.cotizup.com/rosa-parks

École Clair Soleil
https://www.paypal.com/pools/c/8oarDYhKHb

Collège vieux port :
https://www.helloasso.com/associations/cent%20pour%20un%20toit%20vieux%20port/collectes/soutien-aux-familles-dans-le-besoin-du-college-vieux-port

Collège Chartreux :
https://www.cotizup.com/solidarite-familles-chartreux

Collège Dumas :
https://www.cotizup.com/clg-alexandre-dumas

Collège Rimbaud :
https://www.cotizup.com/clg-arthur-rimbaud

Lycée Victor Hugo :
https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/aides-aux-eleves-de-victor-hugo

École Peyssonnel :
www.cotizup.com/peysso2

École Fonscolombe :
https://www.cotizup.com/fonsco

Collège Belle de Mai :
https://www.cotizup.com/solidarite-familles-collegebdm

École Révolution Belle de Mai :
https://www.cotizup.com/belledemaide?fbclid=IwAR0agvgJE_ZS4qdQf59b3vGl0JvhBwA9ne1m7iyAkZA8udOr6niCaIrdk2E

École Parmentier :
www.lepotsolidaire.fr/pot/ctsxosjr

Maison blanche :
https://paypal.me/pools/c/8nXN3JIKzs

Rosiers :
https://www.leetchi.com/c/cagnotte-pour-les-familles-des-rosiers

https://www.helloasso.com/associations/cagnotte-pour-les-familles-des-rosiers-13014/collectes/cagnotte-pour-les-familles-des-rosiers

Cagnotte collège Quinet
https://www.cotizup.com/solidarite-familles-quinet

Cagnotte Marie Laurencin :
https://www.leetchi.com/c/cagnotte-marie-laurencin-aide-au-collectif-maison-blanche

Collège Malrieu :
https://www.cotizup.com/solidarite-clg-jean-malrieu

Collège Henri Wallon :
https://www.leetchi.com/c/collectif-henri-wallon-complement-colis-alimentaires

Collège Versailles :
https://www.cotizup.com/college-versailles-marseille?fbclid=IwAR3Qcwz_380srcNanhC6gol8cMUQC-IkZNVAgrN9uuj771KJckO5L0yK5Mk

École korsec :
https://www.helloasso.com/associations/ape-korsec/formulaires/1

École Bon secours :
: https://www.paypal.com/pools/c/8oarDYhKHb 

LP mistral :
https://www.lepotsolidaire.fr/pot/pnca7brg

Lycée Jean Perrin :
https://paypal.me/pools/c/8iVY2wYBvP

Lycée Diderot:  
https://www.leetchi.com/c/resf-lycee-denis-diderot-marseille

Écoles maternelle et élémentaire Eydoux :
https://www.cotizup.com/solidarites-familles-eydoux

École maternelle St-Savournin
https://www.cotizup.com/saint-savournin

École maternelle Extérieure
https://www.cotizup.com/maternelle-exterieur

Mais aussi de nombreuses autres initiatives militantes :

Cagnotte quartier nord du macdo réquisitionné :
https://www.cotizup.com/requisitionmcdo

Cagnotte du manba / parastoo
https://www.helloasso.com/associations/al-manba/formulaires/1/widget

Education : Avec Blanquer, l’école inégalitaire ça (contrôle) continue !

Jean-Michel Blanquer vient d’annoncer les mesures concernant la réorganisation des examens en période de coronavirus, avec un passage général au contrôle continu. Cette solution ne peut pas nous satisfaire alors que les inégalités sociales et scolaires se renforcent avec l’épidémie. Analyse et revendications de la fédération Education & Recherche CNT-SO.

Le communiqué dans son intégralité ici :

CNT-SO Education – Communiqué 3 avril 2020

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Coronavirus : communiqué de la fédération CNT-SO Éducation & Recherche

La CNT-SO confirme que dans un contexte de crise sanitaire, la priorité doit être donnée à la protection de la santé des travailleurs.ses en leur permettant de rester à domicile avec la garantie d’être rémunéré.e.s, y compris pour les personnels précarisés (contractuel.le.s, ATSEM…).

Nous réaffirmons que lorsque le travail est nécessaire, par exemple pour accueillir les enfants des personnels soignants, cela doit se faire avec des personnels volontaires et dans le respect des conditions de sécurité sanitaire. En Italie un front syndical uni, sans possibilité de manifester, à réussi à imposer au gouvernement italien l’application de règles sanitaires dans les emplois sous pression. En France, nous appelons à une union syndicale pour exiger l’obtention des masques et l’application stricte des règles sanitaires pour tous-tes les salarié.e.s.

Les salarié.e.s réquisitionné.e.s ne doivent pas être envoyé.e.s « au front » sans protection !

Le ministre Blanquer, après avoir fait la démonstration de son manque d’anticipation en affirmant que l’école ne fermerait pas, prétend face à la menace épidémique que l’Éduca­tion nationale est « prête » à répondre au défi de la continuité pédagogique. Au delà de la dénonciation d’un effet de communication, nous confirmons que ce n’est ni logistique­ment, ni pédagogiquement le cas !

Nous dénonçons ici l’utilisation opportuniste de la crise sanitaire pour avancer au travers du dispositif expérimental, des réformes de la pédagogie, du statut, du statut, de la fonction de l’ensei­gnant et des finalités de l’école. La volonté d’expérimenter à grande échelle un enseignement à distance pose problème :

  • En termes de conditions matérielles : débit internet insuffisant, pannes de ré­seaux pédagogiques (ENT, Pronote…) non adaptés à la connexion en nombre.
  • En termes de conditions sociales d’accès à l’éducation : inégalités d’accès aux ressources technologiques et culturelles, manque d’aide familiale à l’appropriation des conte­nus.
  • En terme de contenu pédagogique : les difficultés inédites liées à la situation du confinement n’ayant pu être anticipées par les enseignants, la plupart des cours en ligne se réduisent à des propositions de lecture et à des exercices d’application. Fortement prescrites par le ministère, ces propositions s’éloignent des pédagogies actives, de la pratique manuelle ou de l’expéri­mentation que nous savons, par expérience, utiles et nécessaires à l’apprentissage du plus grand nombre d’élèves.
  • En terme de suivi pédagogique et d’évaluation, l’enseignement à distance va augmenter les inégalités dans les apprentissages et rendre difficile une juste évaluation d’individus privés de la dynamique du groupe.

Beaucoup de parents d’élève, confinés avec leurs enfants, ont pu mesurer l’écart qu’ il y a entre suivre la scolarité de leur enfant, aider aux devoirs et enseigner. Il est possible que le confinement fasse paradoxalement la démonstration de l’utilité de l’école comme lieu et es­pace de socialisation, et, revalorise le métier de l’enseignant.

Mais le risque est tout aussi grand que le gouvernement, en dépit de ses discours, tire une conclusion très différente, dans la logique des décisions prises en matière de budget, de réforme de l’orientation et du BAC. L’expérimentation de l’enseignement à distance pourrait servir de modèle pour l’ouverture accélérée du marché de l’école numérique et de la diffusion commerciale de contenus didactiques.

L’externalisation de son coût grâce à l’abonnement individualisé, ou familial, à des plate-formes privées de service, constituerait non seulement une rupture avec le principe de gra­tuité de l’enseignement public, mais achèverait de faire de la connaissance une marchandise comme une autre. Présentée comme solution à l’absence de cours et à l’absence physique de l’enseignant, son développement pourrait justifier tous les plans d’austérité déjà envisagés : le déploiement de l’enseignement en ligne et de l’école numérique accélérera la destruction de postes dans l’Éducation nationale !

Les salarié.es de l’éducation nationale et ses usagers doivent se préparer à réagir, dès que les circonstances le permettront, pour défendre un service public de l’école soli­daire et égalitaire.

La crise économique et sociale qui s’annonce, doublée de la crise environnementale, constituera un véritable défi. Demander au gouvernement de rendre des comptes ne suffira pas. La crise sanitaire actuelle révèle les failles de la mondialisation capitaliste. La surexploi­tation des terres, de la faune et de la flore est une des causes de la prolifération du virus. Tout le monde peut constater que la baisse de l’activité industrielle a fait baisser la pollution atmosphérique. Le confinement et le traitement différencié des salarié.e.s révèlent au grand jour les inégalités sociales et les rouages de la guerre de classe qui fait fonctionner l’écono­mie réelle. La crise que nous subissons nous impose d’avancer collectivement vers une transformation sociale majeure. Dans les associations de quartier, dans les syndicats, au travail il faut dès maintenant, même confiné.e.s, se préparer à construire la société égalitaire, écologiste et autogestionnaire qui mettra fin à l’irresponsabilité et à l’avidité des dirigeant.e.s actuel.le.s…

Il faut refaire société pour mettre le capitalisme à la retraite !

Attaque de la Cour des Comptes contre les lycées professionnels et le statut des enseignant.e.s

Si nos esprits sont actuellement occupés par la crise sanitaire à laquelle nous faisons face, les attaques contre l’École se poursuivent. Le 12 mars la Cour des Comptes envoyait un référé à Blanquer lequel elle attaquait (à nouveau!) le statut des enseignant.e.s du second degré et s’en prenait directement aux lycées professionnels.
La Cour des Comptes formule six recommandations. Ce qu’elle propose, pour faire plaisir à ce ministère de l’austérité et de l’école autoritaire et libérale, c’est la mort du statut d’enseignant.e !

Que dit le référé ? Le lycée professionnel est en échec, les « conditions d’insertion dans l’emploi des jeunes issu de la voie professionnelles sont […] décevantes ». Un.e lycéen.ne en LP coûte trop cher, on dédouble trop souvent les classes. Les enseignant.e.s ont trop de réticences à encourager l’apprentissage sous statut scolaire…
La Cour des Comptes propose de fermer les lycées professionnels de moins 500 élèves (plus de la moitié!) pour les fondre dans des lycées dits « inclusifs ». Si nous les laissons faire nous assisterons à l’apparition de véritables déserts scolaires et c’est les élèves les plus fragiles socialement et scolairement qui seront touché.e.s.

Le rapport préconise également la fusion du corps des enseignant.e.s certifié.e.s et de celui des enseignant.e.s de lycée professionnel. Blanquer souhaite un « nouveau métier » enseignant : la Cour des Comptes lui mâche le travail. Cette fusion s’accompagne de l’annualisation du temps de travail, de « la confirmation de la bivalence des enseignants des disciplines générales » et de son extension au collège. Au programme : dégradation de nos conditions de travail, suppressions de postes !
Autre recommandation : rapprocher les voies technologique et professionnelle. Cela signifie tout bonnement renoncer à la spécificité de la filière technologique.

Le ministère a deux mois pour répondre à ce référé, le Parlement prenant la suite et pouvant entériner au niveau législatif la fin du statut d’enseignant.e. et la mort des « petits » lycées professionnels. Certes, le calendrier risque d’être bouleversé par la crise du coronavirus, mais à nous de nous tenir prêt.e.s à passer à l’offensive pour la défense de nos statuts et pour arrêter le rouleau-compresseur de l’austérité ! Battons-nous pour défendre nos statuts, contre l’école du tri social de Blanquer !

Les recommandations du référé de la Cour des Comptes :
Recommandation n°1 : déterminer des référentiels ministériels de réduction des surcapacités constatées, fixer un seuil minimal d’ouverture ou de maintien des structures dans la voie professionnelle et mettre en place des outils d’aide à la décision d’ouverture et de fermeture de structures de formation. Revoir en conséquence les modalités d’allocation des moyens aux établissements ;
Recommandation n°2 : contractualiser entre l’État et les régions une programmation pluriannuelle opérationnelle coordonnée de la carte des établissements et de la carte des formations. Regrouper les établissements de moins de 500 élèves ;
Recommandation n°3 : fusionner les corps des professeurs de lycée professionnel et des certifiés en confirmant la bivalence des enseignants des disciplines générales et en l’étendant au collège ;
Recommandation n°4 : fusionner les corps d’inspection du second degré [les inspecteurs de l’éducation nationale de l’enseignement technique et/ou de l’enseignement général (IEN-ET EG) et les inspecteurs d’académie-inspecteurs pédagogiques régionaux (IA-IPR)] ;
Recommandation n°5 : annualiser le temps de travail des enseignants en précisant le temps d’enseignement, le temps de présence dans l’établissement consacrée au travail en équipe et à l’accompagnement des élèves d’une part, de recherche d’entreprises et de suivi des élèves durant les PFMP par les enseignants des disciplines professionnelles d’autre part, ainsi que le temps de formation continue obligatoire ;
Recommandation n°6 : promouvoir et étendre progressivement le modèle d’un « lycée général » inclusif offrant les différentes voies de formation. Expérimenter le rapprochement, pour le niveau IV, des voies technologique et professionnelle.

L’ensemble du texte est consultable ici.

Appel à la mobilisation des établissements second degré des Bouches-du-Rhône : en grève le 10 mars 2020 !

Dans un climat global de défiance des enseignants envers leur ministre, les organisations signataires dénoncent les conséquences de l’allocation insuffisante de moyens pour la rentrée 2020 dans les collèges et lycées du département.

Dans un contexte de hausse démographique, cette insuffisance se traduit notamment par une redistribution d’une large partie des moyens des collèges les plus défavorisés pour financer les nécessaires ouvertures de classes. Il en résulte une baisse historique et alarmante des moyens alloués à l’éducation prioritaire dans les collèges. Certains collèges REP+ situés dans les quartiers les plus défavorisés de Marseille vont se voir retirer, à effectif constant, jusqu’à 30 heures sur leur DGH !

Cette situation est la conséquence directe des choix politiques qui ont présidé à la construction du budget de l’éducation pour la rentrée 2020. En effet, afin de permettre des dédoublements dans des écoles de l’éducation prioritaire, notre ministre crée 440 postes dans le premier degré mais en supprime simultanément autant dans le second degré.

En se faisant à moyens constants, cette réforme ambitieuse censée lutter contre les discriminations scolaires se transforme en véritable désastre pour l’éducation prioritaire elle même.

Pour dénoncer ces choix injustes nos organisations appellent à une journée de grève et de mobilisations le mardi 10 mars.

Organisations signataires : SNES-FSU, SNEP-FSU, SE-Unsa, CGT Éduc’Action, SGEN-CFDT, Sud éducation, CNT-SO

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Mercredi 22 janvier 2020 : Occupation festive et revendicative devant le Rectorat (Aix)

Mercredi 22 janvier 2020 10 h / 16 h
Occupation festive et revendicative de la Place Lucien Paye – Aix-en-Provence

A l’appel de l’Intersyndicale départementale de l’Education – Bouches-du-Rhône
FSU, CGT’Educ’Action, Sud Education, FNEC-FP-FO, SIAES-FAEN, CNT SO

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L’intersyndicale départementale de l’Education des Bouches-du-Rhône a pris connaissance du projet de loi sur la réforme des retraites : la réforme de la retraite « universelle » par points reste inacceptable. L’intersyndicale reste déterminée à obtenir l’abandon du projet de réforme et l’ouverture d’une vraie discussion sur le financement solidaire de la retraite pour tous. Pour
financer les besoins sociaux, il faut améliorer la rémunération du travail, élargir les assiettes de cotisation et mettre à contribution d’autres richesses que les salaires.

Les annonces de Jean-Michel Blanquer, de nouvelles primes en échange de l’acceptation d’un sous statut pour les jeunes, ne sont pas une réponse aux revendications. Nous demandons des augmentations de salaires pour tous, immédiates et sans contrepartie, et le maintien des décrets statutaires sous leur forme actuelle.

La préparation de la rentrée 2020 entérine une nouvelle dégradation des conditions d’étude de nos élèves, puisque les créations de postes ne sont pas en rapport avec les besoins nouveaux que créent les dédoublements de section dans le premier degré et la hausse démographique dans le second degré. Ainsi, il faudrait 140 postes de plus dans les collèges et les lycées de l’académie pour accueillir comme il se doit les 1700 élèves supplémentaires annoncés.

Dans ces conditions, l’intersyndicale appelle à l’élargissement et à l’amplification des mobilisations, soutient la reconduction des grèves et la diversification des actions syndicales au quotidien.

Avec l’objectif de revenir sur la réforme du baccalauréat, l’intersyndicale demande au Ministre de reporter les épreuves communes de contrôle continu E3C et de les transformer en épreuves terminales nationales. Elle appelle au boycott des épreuves en contrôle continu du baccalauréat Blanquer prévues en
janvier et février 2020.

L’intersyndicale appelle à une occupation revendicative et festive de la Place Lucien Paye devant le rectorat à Aix-en-Provence, mercredi 22 janvier de 10 h à 15 h, à l’occasion du Comité Technique Académique présidé par le Recteur, au cours duquel l’administration devrait officialiser l’organisation du travail sur les mutations qui résulte de la suppression du paritarisme,
conformément à la loi du 6 août 2019 de « transformation » de la Fonction Publique dont nous demandons l’abrogation.
Une manifestation dans les rues d’Aix-en-Provence se déroulera à partir de 15 h, à l’appel de l’intersyndicale interprofessionnelle départementale.

Elle dépose un préavis de grève pour ce jour-là pour faciliter la participation du plus grand nombre.

Le mouvement en cours est majoritaire dans les têtes et dans les cœurs. Dans l’éducation, comme dans les autres secteurs mobilisés, la réforme ne passe décidément pas. La détermination, le rejet et la colère ne faiblissent pas, bien au contraire.
L’intersyndicale est déterminée à poursuivre son travail d’organisation des mobilisations pour les ancrer dans la durée et surtout le territoire. Jusqu’au retrait de ce projet de loi. Chaque établissement est invité à participer à l’organisation de l’événement en proposant la tenue de stand, d’animations, de concerts …

Déroulement :
Des prises de paroles syndicales et des établissements mobilisés seront réparties sur l’ensemble de la journée, sur les retraites, le statut, la revalorisation, le paritarisme, la préparation de rentrée 2020, la réforme des concours, la réforme de la carte de
l’éducation prioritaire. Idem : musiques, chorales, animations (participatif)

  • 10 h 00 : Début de l’occupation, convergence des établissements d’Aix en cortège vers le rectorat
  • 10 h 30 : Prise de parole des élus en CTA
  • 11 h 00 : tifo « Non » (SUD Educ tifo, et CGT : photo depuis les bureaux)
  • 11 h 15 : chamboule-tout ministériel (nombreux lots : primes Blanquer, missions nouvelles, heures de travail en plus …)
  • 11 h 30 : charivari syndical « Blanquer et Castaner sont sur un rond point »
  • 12 h – 14 h : pique nique collaboratif, barbecue géant (SNEP FSU), animations musicales. Les établissements qui le souhaitent
  • apportent un stand boisson-restauration
  • 14 h 00 : constitution d’une montagne de cartables devant les grilles du Rectorat (chacun apporte ses vieux cartables)
  • 14 h 20 : construction d’un mur de manuels scolaires devant le portail piétons du Rectorat (chacun apporte ses vieux manuels)
  • 14 h 40 : clapping (SNUIPP FSU)
  • 15 h 00 : départ en manifestation

Education : les E3C ça sera sans nous !

Lycées : la fédération Éducation & Recherche de la CNT-SO appelle, dans un cadre collectif & unitaire à se mobiliser contre les E3C (Epreuves Contrôle Continu du Bac)

Appel de l’intersyndicale Aix/Marseille

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Appel de la fédération Éducation & Recherche de la CNT-SO

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Malgré les couacs répétés dans la construction et la mise à disposition des sujets, l’organisation calamiteuse qui s’annonce pour faire passer ces épreuves, malgré l’opposition de l’ensemble des syndicats et de la FCPE, le ministère s’obstine à maintenir les E3C (Épreuves Communes de Contrôle Continu) entre janvier et février, quand tout le monde dénonce une réforme mal préparée et non concertée.

E3C ou la mise au pas

L’instauration de ces épreuves après quatre mois de cours dès la classe de première, introduit une pression phénoménale sur les élèves comme sur les enseignant.e.s.. Les collègues doivent en un temps record se confronter à de nouveaux programmes que d’aucuns reconnaissent infaisables par leur lourdeur comme par le contenu des connaissances exigées. Le Conseil Supérieur de l’Éducation avait pourtant recalé (en date du 18/12/2018) ces nouveaux programmes, inadaptés aux élèves.

Par ailleurs, à quelques semaines des premières sessions, les enseignant.e.s peinent encore à connaître le type d’épreuves et l’évaluation adossée aux sujets, qui ont été mis en ligne à la date extrêmement tardive du 9 décembre. Nous refusons d’envoyer nos élèves, mal préparé.e.s, à des épreuves bouclées à la va-vite et dans le mépris de tout déontologie.

Enfin, la pesanteur des programmes infligés aux élèves à marche forcée sonne le glas de toute pédagogie : plus le temps (qui était déjà insuffisant) d’écouter les questions des élèves, plus le temps de mettre en place des dispositifs pour que ceux.celles-ci s’approprient les connaissances et deviennent actifs.ives, curieux.euses dans leur apprentissage, plus le temps de prendre en considération l’hétérogénéité et les inégalités dans la classe. La masse des connaissances savantes à « digérer » renvoie aux calendes grecques l’épanouissement et l’émancipation de nos élèves. Contre des têtes bien pleines, nous souhaitons, comme Montaigne il y a déjà quelques années, des « têtes bien faites » !

Dans cette nouvelle mouture du baccalauréat, la CNT-SO dénonce le contrôle accru exercé sur les personnels : les pas de côté pour accueillir la diversité des élèves et leurs aspirations à apprendre deviennent quasiment impossibles. Nous dénonçons un formatage indigeste, où l’enseignant.e n’est plus que simple exécutant.e, où l’élève devient bête de somme.

E3C : Une usine à gaz !

Rappelons que l’organisation des E3C se fait sur les semaines travaillées, en plus des autres heures de cours, et non plus en fin d’année.
Sans banalisation des journées où les élèves passent leurs épreuves, c’est une organisation qui alourdit particulièrement les semaines, déstabilise les équipes pédagogiques comme les élèves.

Notons aussi que les conditions de composition sont tout à fait inadéquates à des épreuves de type bac avec la surveillance de salles pouvant aller jusqu’à 35 élèves par une seule personne !
La mise en place de deux sessions d’examens sur l’année rend par ailleurs encore plus étriquée le temps passé avec nos élèves pour construire les apprentissages. La CNT-SO dénonce une évaluation permanente qui défigure notre travail.
Enfin, le temps de correction, autrefois réalisé sur le mois de juin, s’effectuerait dorénavant sur le temps des vacances : c’est tout simplement obliger les enseignants à travailler plus, avec une rémunération honteuse : 1,42 euro la copie !

E3C : Non au bac local !

Enfin, la CNT-SO, comme de très nombreux syndicats, rappelle son opposition à la réforme Blanquer du bac, qui supprime son caractère autrefois national.
Porte ouverte à une discrimination accrue des élèves selon l’établissement où ils étudient, ce bac-maison contribuera une fois de plus à pénaliser les classes populaires. Pour toutes ces raisons, nous réclamons à nouveau l’abrogation du bac Blanquer et des E3C qui vont avec.

Nous aspirons à une refonte de l’École appuyée sur des enseignements et des systèmes d’évaluation au service de l’élève, qui puissent l’aider à prendre confiance, à construire des savoirs utiles, émancipateurs et ouverts sur le monde.
Contre le gavage, le bachotage permanent, le déni des réalités sociales, une école hors sol qui reproduit les inégalités, trie et étiquette nos élèves, notre travail dans la classe veut pouvoir s’adapter à leur cheminement singulier, favoriser la joie d’apprendre, et utiliser l’évaluation comme outil formateur.

Pour que notre métier ne perde pas tout son sens, pour que le baccalauréat ne devienne pas encore plus inégalitaire, et face à des épreuves de contrôle continu qui étranglent notre enseignement, nous appelons nos collègues à :

  • ne pas faire remonter les sujets des E3C
  • utiliser la grève pour contrer la surveillance des épreuves
  • refuser un travail accru et non rémunéré
  • informer les parents et expliquer notre démarche.

Éducation nationale : quand on détruit le travail, le personnel se tue ! Communiqué de la Fédération Education et Recherche

Comme l’ensemble des collègues, nous avons été révolté suite au suicide de Christine Renon, directrice de l’école Méhul à Pantin.
Ce suicide intervient après la tentative d’un collègue dans les Bouches-du-Rhône le 12 septembre dernier.
Dans une lettre publique, qui a largement circulé sur les réseaux sociaux, Christine Renon, fait référence pêle-mêle à la surcharge de travail et à la perte de son sens, l’autoritarisme et le management froid, l’infantilisation et l’humiliation de plus en plus présente dans nos métiers.

Il nous apparaît évident que ces passages à l’acte sont corrélés avec les récentes «_réformes_» engagées dans l’Éducation Nationale. Notre rôle se trouve totalement remis en question comme l’ensemble des services publiques pour des raisons autant idéologiques que comptables. Cela n’est pas sans nous rappeler le tragique épisode de la restructuration-privatisation de France-Télécom. Il semble aujourd’hui que le travail tue également à La Poste (comme le montrait de manière éloquente le dernier reportage de l’émission Envoyé Spécial) et à la SNCF. Il n’est pas étonnant qu’il en soit de même dans le monde de l’École après plusieurs années d’austérité, d’évaluationnite aiguë, de dégradation des conditions de travail, de suppression de postes entraînant naturellement une incompréhension toujours plus vive de nos professions… Le métier de professeur des écoles a vraiment changé, les personnels doivent pallier les nombreux manquements institutionnels en subissant toujours davantage (manque d’AVS alors qu’il y a de plus en plus d’élèves en situation de handicap).

La CNT-SO tient à apporter son soutien aux proches de nos deux collègues. Nous sommes absolument révolté-e-s par ces drames qui auraient pu être évités. Les organisations syndicales du 93 appellent d’ailleurs à une journée de grève départementale le 3 octobre.

Nous exigeons du Ministère des explications claires et la mise en place d’une enquête globale concernant les suicides au travail. Nous demandons la suspension de toutes les réformes en cours jusqu’aux résultats de cette enquête.