Les entreprises de travail temporaire avaient échappé à la hausse des cotisations chômage pour les contrats courts définie dans l’ANI du 11 janvier 2013. En contrepartie, l’ANI du 11 janvier 2013 laissait jusqu’au 11 juillet 2013 aux organisations syndicales patronales et salariales pour mettre en place un CDI intérimaire. C’est chose faite avec la signature d’un « accord portant sur la sécurisation des parcours professionnels des salariés intérimaires » par le Prism’Emploi (du côté patronal) et par la CFDT, la CFTC et la CGC (du côté salarial).
Nous sommes dans la même méthode qu’avec l’ANI du 11 janvier 2013 : de la poudre aux yeux !
Pour commencer ce CDI intérimaire ne va concerner que 1 % des 2 millions d’intérimaires ou encore 5 % en équivalent temps plein. Bref, quasiment personne, et surtout ce sont les intérimaires déjà les mieux « lotis », ceux qui ont déjà du boulot toute l’année, qui sont visés. On pourrait le prendre à l’inverse des annonces médiatiques en disant que les intérimaires qui arrivent à vivre correctement de l’intérim grâce à leur qualification qui leur assurait du travail en permanence et de bons salaires, agacent les patrons. Certains de ces intérimaires privilégient les bons salaires et d’autres, la multiplication des semaines de congés. Or avec ce CDI intérimaire, le patronat va pouvoir casser ces situations.
– Tout d’abord, le fait que ce soit un CDI entraîne la suppression de la prime de 10 % de leur rémunération, dite prime de précarité ou prime de fin de mission.
– Ensuite le contrat fixe une « garantie minimale de rémunération » qui ne peut être inférieure au SMIC. L’intérimaire aura des missions et des périodes sans travail appelées « intermissions ».
– Il ne pourra refuser de travailler pendant ces intermissions et devra être joignable en conséquence. Le salaire versé pendant les intermissions sera calculé en fonction du salaire des missions sans compter les heures supplémentaires et les différentes primes et rien ne dit même qu’il sera à 100 %.
– Par ailleurs, il est fort probable qu’on force les CDI intérimaires à accepter des missions à salaire moindre. La mobilité fait partie du contrat et risque encore d’obliger les CDI intérimaires à accepter une mobilité illimitée.
Ce CDI est donc une régression pour les intérimaires à qui il est destiné. Ils perdront en liberté et en salaire.
Au lieu de promouvoir une politique d’embauche dans les entreprises, les signataires de cet accord acceptent et pérennisent l’emploi précaire notamment en terme de droit. L’entreprise est le lieu privilégié de la construction d’un rapport de force entre travailleurs et patrons afin de faire respecter le droit et d’en gagner de nouveaux. Cela n’est possible que par la force collective des travailleurs dans l’entreprise mais aussi, bien sûr, au-delà de l’entreprise. En s’unissant par branche ou au niveau interprofessionnel les travailleurs peuvent lutter pour obtenir de meilleures conventions collectives, un meilleur droit du travail, de meilleurs salaires… bref lutter pour une répartition égalitaire des richesses.
Or, l’intérimaire est un travailleur atomisé, seul il ne peut revendiquer au risque de ne plus se voir proposer de missions. Cependant rien ne dit que ça sera un succès, il suffit de refuser de signer !