Signez la pétition pour un CAMSP dans le centre-ville de Marseille

Professionnels de l’enseignement, de l’éducation et du soin, nous avons décidé d’unir nos forces pour alerter la population et les pouvoirs publics au sujet de la carence en lieux de soin pour les enfants en souffrance psychique dans le centre-ville de Marseille.

Les Centres Médico Psychologique (CMP) et les Centres Médico-psycho pédagogiques (CMPP) sont saturés. Il n’y a ni hôpitaux de jour ni Centre d’Action Médico-Sociale Précoce (CAMSP) dans le Centre-ville. Il est urgent de pallier ce manque.

Nous avons donc décidé de concentrer nos énergies pour plaider et agir en faveur de l’ouverture d’un CAMSP dans le Centre ville de Marseille. Mais rien ne se fera sans vous.

Parents, enseignants, éducateurs, soignants, prenez le temps de lire l’argumentaire ci-dessous. Participez à notre action en signant la présente pétition.

Si vous souhaitez vous associer à notre travail, contactez le : collectifuncamsppourlecentreville@laposte.net

Collectif un CAMSP pour le CENTRE-VILLE de MARSEILLE

La loi sur le handicap de 2005 (Art. L. 351-1) et la loi de Refondation de 2013 (Art. 44) prévoient la possibilité de scolariser tous les enfants en situation de handicap dès la maternelle. Parmi eux, les enfants en souffrance psychique occupent une place singulière. La souffrance psychique des enfants peut se traduire de manière plurielle (agitation, agressivité, retrait de la relation…). Elle appelle à porter auprès de ces enfants des soins. C’est pourquoi historiquement la prise en charge de la souffrance psychique des enfants se situe du côté de la pédopsychiatrie.

Pour prendre en charge les enfants en souffrance psychique, même très précocement, il existe des structures de soin : CMP, CMPP, CAMSP, Hôpital de Jour… Or, ces structures sont généralement saturées et il faut plusieurs mois d’attente pour obtenir un premier rendez-vous. Ce constat est alarmant quand on connaît les effets structurants de la prévention et d’une prise en charge précoce.

Dans le centre-ville de Marseille, il n’existe pas de CAMSP (Centre d’Action MédicoSociale Précoce) permettant l’accueil des enfants en souffrance psychique. Pourtant, la population y vit dans des conditions sociales extrêmement difficiles. La précarité, la pauvreté et l’esseulement rendent plus aigües les pathologies psychiques qui plongent les enfants dans des situations limites qui nécessitent des soins sans tarder et spécifiquement adaptés.

Dans les écoles maternelles, leurs enseignants sont, démunis et en difficulté, voire en souffrance, face à des pathologies qui bousculent le fonctionnement de la classe. Les classes en zone difficile (en REP+), nombreuses en centre-ville, qui peuvent accueillir jusqu’à 27 enfants, intègrent très souvent deux à trois enfants souffrant de pathologies psychiques sévères. Les manifestations de cette souffrance (morsures, coups, cris, fuite, mutisme, enfermement…) mettent en très grande difficulté professionnelle les personnels de
l’Éducation Nationale, le personnel municipal et les auxiliaires de vie scolaire (AVS).

La mise en œuvre de la loi de 2005 s’est traduite essentiellement par l’embauche massive d’auxiliaires de vie scolaire pour accompagner les enfants en situation de handicap. Aujourd’hui, il y a même très fréquemment autant d’AVS que d’enseignants dans les écoles et, de plus en plus souvent, jusqu’à trois AVS simultanément dans la même classe. Non seulement les AVS manquent de formation et sont dans une précarité qui nuit à la continuité et à la qualité de l’accompagnement mais en plus il serait illusoire de penser qu’ils puissent combler les besoins intensifs en soins thérapeutiques que requièrent ces enfants.

Les AVS peuvent certes représenter une aide à l’accompagnement de l’enfant dans son processus d’intégration. Mais l’école est avant tout un lieu d’apprentissage et même si cela peut être un lieu de socialisation, c’est un lieu de socialisation par les contenus de savoir. Les lieux de soins interviennent d’un tout autre point de vue. Ils misent sur la parole et le langage et tentent de mettre en récit et en élaboration la souffrance de l’enfant, en inscrivant le sujet dans une histoire. La distinction, voire la séparation des espaces (apprentissage/soin) est structurante pour les familles.

Prendre soin d’un enfant et de la relation qu’il a avec sa famille, c’est entendre et accueillir ses manifestations du côté d’une souffrance qui a du mal à se dire autrement que dans sa singularité et non du côté d’un comportement à rééduquer ou d’une injonction à entrer dans une norme.
L’exigence d’un travail de mise en lien des différents espaces (familial/scolaire/soin) est indispensable pour mieux comprendre ce que veut nous dire l’enfant et l’aider par là à se rassembler.

Sans CAMSP, de très nombreux petits enfants se retrouvent sans aucune assistance. Pour faire face, les CMP et les CMPP (Centre Médico Psychologique ou MedicoPsychopédagogique) ont tenté de construire des solutions alternatives. Des innovations ont émané des besoins du terrain et de la mutualisation des expériences et des savoirs de chacun : collaboration école/CMP avec les points écoute ; PMI/CMP avec les suivis attentifs, réunions mensuelles, orientations individualisées… Mais ce dispositif, satisfaisant à de nombreux égards, s’avère aujourd’hui totalement insuffisant.

Le CAMSP a en effet pour mission la prise en charge précoce des enfants qui
présentent des pathologies sévères. Son équipe pluridisciplinaire est en mesure de proposer au jeune enfant des soins complémentaires à ceux du CMP ou du CMPP avec des médiations différentes et sur le long terme. Et, du fait de l’âge de l’enfant, l’accent est mis aussi sur l’accompagnement à la parentalité afin d’aider la famille à penser ce qu’elle traverse.

Parce que la situation devient proprement insupportable et intolérable dans les écoles et les services sanitaires et médico-sociaux du centre-ville, notre collectif, composé de professionnels de l’Éducation nationale, de la Santé et de la Prévention, se fixe comme objectif l’ouverture d’un CAMSP.
L’enjeu se situe à plusieurs niveaux :
– proposer les soins appropriés
– contribuer à la formation des professionnels (enseignants, AVS) sur la problématique de la souffrance psychique
– enrichir le maillage des différentes structures, afin de répondre au plus près aux attentes des professionnels et des familles

Nous demandons donc à l’ARS et au Conseil Départemental notamment, l’ouverture rapide d’un CAMSP dans le centre-ville de Marseille.

Signez la pétition sur change.org

Marseille le 31.10.2017