Rassemblement de soutien à Samir et à la section « Française de service » (nettoyage)

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Rassemblement Mercredi 10 septembre à 17H devant l’hôtel Intercontinental (1 Place Daviel, 13002)

Notre camarade Samir, ancien équipier à l’hôtel Intercontinental est en cours de licenciement par la Française de Service, entreprise sous-traitant le nettoyage de plusieurs hôtels de luxe marseillais. Le droit syndical comme le droit du travail ne sont toujours pas respectés dans ces hôtels. Venez soutenir notre section syndicale et exiger avec eux :

– Réintégration de Samir
– Satisfaction des revendications émises par les salariés et la section syndicale CNT Solidarité-Ouvrière

Halte à l’exploitation et au mépris !

International : 11 mois de lutte pour 595 femmes de ménages grecques

Grèce 595 femmes de ménage grecques : 11 mois de lutte acharnée contre le gouvernement et la Troïka

Article de Sonia Mitralias, membre des “ Femmes contre la dette et les mesures d’austérité” en Grèce

Après 11 mois d’un long et âpre combat, limogées depuis septembre, mises sous statut de « disponibilité », soit licenciées au bout de huit mois, 595 femmes de ménage de la fonction publique sont devenues l’incarnation, le symbole, l’âme, la vie-même de la résistance la plus farouche contre la politique de rigueur en Grèce ! Ces femmes sont devenues tour à tour « sujet politique » et le leadership de toute la résistance actuelle contre la politique de la Troïka, osant affronter un ennemi aussi puissant que le gouvernement grec, la Banque centrale européenne, la Commission et le FMI…
Et pourtant, après ces 11 mois de combat, après avoir défié et être devenues l’ennemi principal du gouvernement et de la Troïka, après avoir court-circuité la mise en œuvre des mesures de rigueur, après une présence très médiatisée sur la scène politique, ces femmes de ménage en lutte ne sont toujours pas considérées comme sujet politique par les opposants à l’austérité.
Et pourtant, depuis le début des mesures d’austérités infligées par la Troïka, les femmes ont pris la rue en masse et leurs résistances semblent avoir une dynamique propre toute particulière et riche en leçons politiques.
Durant ces quatre ans de politiques d’austérité qui ont transformé la Grèce en un amas de ruines sociales, économiques et surtout humaines, on n’a parlé que très peu de la vie des femmes et bien sûr encore moins de leurs luttes contre les diktats de la
Troïka. C’est donc avec surprise que l’opinion publique a accueilli cette lutte exemplaire faite entièrement par des femmes. Mais est-ce vraiment une surprise ?
Elles ont participé en masse aux 26 grèves générales. Dans le mouvement des indignés, elles occupaient les places, elles campaient, manifestaient. Elles se sont mobilisées en première ligne pour l’occupation et l’autogestion de l’ERT.
Exemplaires, elles étaient l’âme des assemblées des grévistes des administrateurs universitaires dans l’éducation et les universités contre la « disponibilité » c’est-à-dire le licenciement après 8 mois avec 75 % de leur salaire. 25 000 fonctionnaires de l’État, en majorité des femmes, seront concernés par le dégraissage des services publics. Elles constituent aussi l’écrasante majorité (95 %) des volontaires du
Mouvement de Solidarité et des dispensaires autogérés qui essayent de faire face à la crise sanitaire et humanitaire.

La participation massive des femmes aux mouvements de résistance contre la destruction de l’État social par les politiques de l’austérité, n’est donc pas une surprise, elle n’est pas due au hasard : d’abord, et nous le savons, la condition des femmes est dans l’œil du cyclone de l’austérité. La destruction de l’État social et des services publics fait exploser leur vie : en tant qu’employées majoritaires dans la fonction publique et en tant qu’usagères principales des services publics, les femmes sont doublement impactées par les coupes de tous genres. Elles ont donc mille raisons pour ne pas accepter la régression historique de leur condition de femmes, qui équivaudrait à un véritable retour au 19e siècle !
C’est vrai que dans un premier temps elles ne se démarquaient pas en tant que « sujet politique femmes », partageant les mêmes revendications et les mêmes formes de luttes avec les hommes dans les mouvements. Elles y étaient nombreuses, c’est tout.
Mais, déjà dans la lutte pionnière contre l’extraction d’or dans la région de Skouries, à Chalkidiki au nord de la Grèce, s’opposant à la société canadienne multinationale « Eldorado », les femmes se sont très vite distinguées par leurs formes de lutte et leur radicalité. Et si la presse et l’opinion publique ignoraient l’incidence de leur identité de genre sur la façon de lutter, la police ne faisait pas autant ! En effet, la police anti-émeute avait ciblé tout particulièrement les femmes, utilisant une répression féroce et sélective pour terroriser toute la population à travers ELLES, pour anéantir toute désobéissance et tout mouvement de résistance. Criminalisées, emprisonnées, elles ont subi des violences humiliantes, aussi sexuelles et… spécifiques à leur corps et à leur…genre !

Dans un second temps, les femmes ont exprimé des initiatives et formes de luttes propres à elles.

Tout a commencé quand, pour imposer la partie la plus dure de son programme d’austérité et satisfaire les engagements à l’égard de ses créanciers, le gouvernement a ciblé en toute priorité les femmes de ménage du ministère des Finances, de l’administration fiscale et des douanes. Il les a placées dans le mécanisme de disponibilité déjà depuis fin août dernier, ce qui se traduit par ce qu’elles touchent les trois-quarts de leur salaire de 550 euros pendant huit mois avant qu’elles soient licenciées définitivement. Le gouvernement a suivi exactement la même stratégie qu’à Skouries. L’objectif : s’attaquer d’abord aux plus faibles et les moins susceptibles d’être soutenues…c’est-à-dire les femmes de ménage, pour ensuite faire passer le gros des employés à la trappe, c’est-à-dire aboutir au licenciement des 25 000 fonctionnaires publics !… Et cela dans un moment où les mouvements de résistances
étaient saignés à blanc par l’austérité sans fin, étant atomisés, fatigués, exténués, vulnérables…
Il croyait qu’avec « cette catégorie de travailleurs », ces femmes pauvres de « basse classe » touchant des salaires d’à peine 500 euros et, croyait-il, pas très intelligentes (d’où le slogan des femmes de ménage : « Nous ne sommes pas des connasses, nous sommes des femmes de ménages »), il aurait vite fini par les écraser comme des mouches.
Le but étant de privatiser le travail des femmes de ménage pour en faire cadeau aux entreprises privées de nettoyage. Ces sociétés mafieuses connues pour être des champions de la fraude fiscale, réembauchent avec des salaires de 200 euros par mois, soit 2 euros par heure, avec assurance partielle, sans aucun droit du travail, ce qui équivaut à des conditions de semi-esclavage et de galère.
Ces femmes limogées et sacrifiées sur l’autel de l’anthropophagie de la Troïka, ces femmes de 45 à 57 ans, souvent monoparentales, divorcées, veuves, endettées, ayant à leur charge des enfants ou maris chômeurs ou des personnes handicapées, se trouvant devant l’impossibilité de toucher prématurément leur retraite et cela après plus de 20 ans de travail, et dépourvues de toute possibilité de retrouver du boulot, ont alors décidé de ne pas se laisser faire. Elles ont pris leur vie en mains !
Et voilà qu’une poignée de femmes décident de bousculer les routinières formes de lutte des syndicats traditionnels. Quelques-unes prennent l’initiative de s’organiser par et pour elles-mêmes, un noyau des femmes de ménage qui avaient déjà lutté et gagné 10 ans plus tôt pour obtenir des contrats de longue durée. Elles ont travaillé comme des fourmis, tissant patiemment une toile d’araignée à l’échelle du pays…
Et comme ces servantes du ministère des Finances ont été jetées dans la rue et que faire la grève n’a plus de sens dans leur cas, elles ont décidé de faire un mur humain avec leur corps dans la rue, devant l’entrée principale du Ministère des Finances à la Place de « Syntagma », la place devant le Parlement, la place la plus emblématique du pouvoir…
Ce n’est pas un hasard que ce soient des femmes qui ont fait naître des formes de lutte pleines d’imagination. Déconsidérées à cause de leur genre et de leur classe sociale, marginalisées par les syndicats et n’ayant point de liens avec les organisations traditionnelles de la gauche grecque, elles ont dû faire du bruit pour être audibles, pour se faire entendre, elles ont dû se créer une image pour être visibles !
Aux grèves passives, aux journées d’actions éphémères et inefficaces, elles ont substitué l’action directe et collective. Elles misent sur la non-violence, l’humour et le spectaculaire. Avec des couronnes d’épines sur la tête à Pâques, avec la corde passée autour de leur cou devant le siège du parti de la Nouvelle Démocratie, avec de la musique et des danses elles réclament : la réembauche pour toutes et tout de suite ! Tout cela est inédit en Grèce…
Elles occupent et bloquent l’accès au Ministère, et surtout elles pourchassent les membres de la Troïka quand ils veulent entrer au Ministère (!) les obligeant à fuir en courant et à prendre la porte de service, ensemble avec leurs gardes du corps. Elles affrontent et se battent corps à corps avec les unités spéciales de la police. Tous les jours, elles inventent des nouvelles actions, qui sont reprises par les médias, elles alertent toute la population : en somme elles brisent l’isolement. Et voici que, ce qui d’habitude était représenté par une statistique sans vie et sans âme, par le chiffre du record du chômage, de la pauvreté, voici que ces « abstractions » s’humanisent, acquièrent un visage, deviennent des femmes en chair et en os, qui en plus ont une personnalité et une volonté politique propre. Elless’appellent Litsa, Despina, Georgia, Fotini, Dimitra… Et avec leur exemple, leur courage, leur persévérance, leur rage de vaincre, elles redonnent espoir à toutes les victimes de l’austérité…

Mais attention, les forces antiémeutes brutalisent presque quotidiennement ces femmes, pour l’exemple, car leurs patrons craignent la contagion. Et c’est toute la
Grèce qui assiste au triste spectacle de ces femmes souvent âgées qui, jour après jour, sont piétinées, maltraitées et blessées par des Rambos de la police, qui auraient pu être leurs fils ! Et pourquoi ? Parce que c’est la Troïka elle-même qui veut les abattre, parce qu’elles sont l’exemple à imiter par tous les opprimés, parce elles sont à la pointe de la contestation anti-austérité, non seulement en Grèce mais partout en Europe. Parce que leur lutte peut devenir contagieuse…
Plus que jamais, le combat de ces 595 femmes de ménage héroïques est le nôtre. Ne les laissons pas seules. Elles se battent pour nous, battons-nous pour elles. Organisons la solidarité européenne et mondiale !

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Salaires ouvriers et ETAM du bâtiment PACA (2014-2015)

Attention ces grilles ne sont plus en vigueur depuis le 01er décembre 2015, pour les grilles 2016, cliquez ici.

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Ces minimas conventionnels sont ceux valables depuis le 01er février 2014 et n’ont pas été revalorisés en 2015 ! Pour arracher des hausses de salaires et des améliorations des conditions de travail, il est nécessaire de se regrouper, se syndiquer, pour peser. Face aux patrons : Seule la lutte paie !

Salaires ouvriers du bâtiment PACA

A compter du 1er Février 2014, pour un horaire hebdomadaire de 35 heures, le barème des salaires minimaux des Ouvriers du Bâtiment de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur s’établit comme indiqué dans le tableau ci-après :

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Il est rappelé qu’aucun salaire ne doit être inférieur au SMIC, correspondant à l’horaire appliqué. Le taux horaire du SMIC depuis le 1er janvier 2015 est de 9.61 € soit 1 457,52 euros bruts mensuels sur une base hebdomadaire de 35 heures.

Indemnités petits déplacements

A compter du 1er février 2014, les indemnités de Petits Déplacements concernant les OUVRIERS du Bâtiment de la Région “Provence-Alpes-Côte d’Azur” , employés par les entreprises du Bâtiment visées et non visées par le Décret du 1er Mars 1962, seront fixées comme suit,

– Indemnité de repas : 9,65 €.

– Indemnité de frais de transport :

L’indemnité de frais de transport a pour objet d’indemniser forfaitairement les frais de transport engagés quotidiennement par l’ouvrier pour se rendre sur le chantier avant le début de la journée de travail et pour en revenir à la fin de la journée de travail, quel que soit le moyen de transport utilisé. Cette indemnité étant un remboursement de frais, elle n’est pas due lorsque l’ouvrier n’engage pas de frais de transport, notamment lorsque l’entreprise assure gratuitement le transport des ouvriers ou rembourse les titres de transport.

Zone 1 (0 à 10 Km) 3.05 €

Zone 2 (10 à 20 Km) 5.38 €

Zone 3 (20 à 30 Km) 7.22 €

Zone 4 (30 à 40 Km) 9.44 €

Zone 5 (40 à 50 Km) 12.38 €

– Indemnité de trajet :

L’indemnité de trajet a pour objet d’indemniser, sous une forme forfaitaire, la sujétion que représente pour l’ouvrier la nécessité de se rendre quotidiennement sur le chantier et d’en revenir. L’indemnité de trajet n’est pas due lorsque l’ouvrier est logé gratuitement par l’entreprise sur le chantier ou à proximité immédiate du chantier.

Zone 1 (0 à 10 Km) 1.98 €

Zone 2 (10 à 20 Km) 3.15 €

Zone 3 (20 à 30 Km) 4.26 €

Zone 4 (30 à 40 Km) 5.63€

Zone 5 (40 à 50 Km) 6.70 €

L’indemnité de frais de transport et l’indemnité de frais de trajet sont appliquées de 0 à 10 km.

Prime de Pénibilité

Prime horaire de pénibilité aux Ouvriers du Bâtiment de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur

– A compter du 1er février 2014, Prime horaire de : 1,12 €

Salaires Etam (Employés, Techniciens et Agents de Maîtrise )

Pour les entreprises dont l’horaire collectif est fixé à 35 heures par semaine ou 35 heures en moyenne sur l’année, le barème des salaires minimaux des ETAM du Bâtiment de la région Provence Alpes Côte d’Azur est fixé comme suit:

à compter du 1er Février 2014

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Sources :

Accord du 9 janvier 2014 relatif aux salaires minimaux au 1er février 2014
Accord du 9 janvier 2014 relatif à la prime de pénibilité au 1er février 2014
Accord du 9 janvier 2014 relatif aux indemnités de petits déplacements au 1er février 2014

« Les mains dans le luxe » (CQFD Juin 2014)

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Le 7 mai 2014, une dizaine de femmes de chambre dénonçaient leurs conditions de travail devant l’Intercontinental, hôtel cinq étoiles dominant le Vieux-Port de Marseille. L’occasion d’aérer un peu les pratiques de la sous-traitance dans le nettoyage… Le journal mensuel « de critique et d’expérimentation sociales  » CQFD était présent.

« Ici, c’est de l’esclavage », s’étrangle Samir devant l’hôtel Intercontinental. Un room-service accessible 24h/24 pour 192 chambres, 22 suites, dont une présidentielle, si l’envie prenait au bon François de visiter son royaume…

Samir habite Toulon et sa boîte peut du jour au lendemain l’envoyer à Aix-en-Provence en le prévenant à 7 h du matin. Il n’y a pas de train à cette heure-là. Samir est équipier, un nouveau nom pour les loufiats qui nettoient les chambres des riches : tête de lit en cuir blanc, plaid brodé… Tout doit être nickel, dans les hôtels de luxe. Pourtant en CDI, Samir pointe les risques du métier : « Pour laver les vitres, on me fait travailler seul dans une nacelle en façade. » Et puis, au-delà de la peur du vide, il y a la peur de se faire jeter. La pression est mise par la direction de l’hôtel, qui débriefe chaque matin la Française de Services, société sous-traitante et leader dans le nettoyage. Nettoyage des droits, entre autres : ceux là sont balayés. Il y a eu plusieurs grèves à Paris, en 2013. « Le dress code est de se changer tous les jours, voire deux fois par jour, s’il y a des odeurs corporelles », rappelle Marie-Françoise Litaudon, qualifiée de mère-supérieure de l’hygiène par Le Monde.

À Marseille, la sueur des petites mains n’importunera pas le client dans son Spa avec sauna ou sa salle de relaxation : Samir ne s’est jamais rendu dans la salle de techno-gym. Soutenus par le syndicat CNT-solidarité ouvrière, qui a convoqué ce rassemblement devant l’hôtel, les salariés rappellent leurs conditions de travail déplorables. « M. Fouré m’ a menacé », raconte Samir. Fouré, c’est le DRH parisien. Des femmes de chambre venues de l’hôtel Massalia, dans le 8 e arrondissement, parlent de manque de respect. La gouvernante de cet hôtel est perçue comme une harpie. « Elle adore travailler avec nous, parce que nous nous taisons », témoigne une jeune Portugaise. Ses collègues sénégalaises et cap-verdiennes approuvent.

Armelle, une ancienne salariée, n’a pas tenu plus de trois semaines à son poste de gouvernante d’étage. « À 11 h, j’ai demandé à la DRH les fiches de poste des femmes de chambre. » À 15 h, à sa prise de poste, elle est virée. Expéditif. « Je suis tombée des nues ! » Quel lièvre avait-elle levé ? « Les filles sont sous payées. Sur leurs contrats, elles doivent cinq heures, mais en fait, c’est un système à la chambre qui fonctionne. » Un travail à la tâche, mais payé sur des heures fixes. « De plus, les filles n’ont pas de pause. » Samir, toujours remonté, en rajoute une couche : « C’est deux euros pour que je m’assoie manger dans l’hôtel ! » Il peut aussi déjeuner dehors… Les filles non. « J’étais la seule à manger », raconte Armelle. En tout cas, personne n’aura les miettes de la table de Lionel Levy, le chef-cuisinier.

Medji est équipier et montre des plaies sur ses mains : « La Javel ? Non… La boîte a changé les produits, mais ils sont encore plus forts. » La faute à des matériaux inadaptés et à un management qui exige que tout brille. « Comment nettoyer des sols rugueux et des moquettes qui peluchent ? » D’après la FDS, on n’emploie plus de Javel, tout va bien. Medji aurait besoin d’une séance au sauna, mais sa condition le lui interdit. Pourtant, il devrait savoir que le Spa « traite la peau avec douceur avec des manœuvres fluides, des pressions bien régulières, sans jamais provoquer de déplacements de tissus ».

Mme Suarez brandit elle aussi sa main droite, bien plus grosse que la gauche : un choc qu’elle a subi en faisant les lits, il y a trois mois. La médecine du travail lui demande de reprendre son poste sur un pied. « Apte d’une main », grince Mme Suarez…

Patricia, neuf mois en France, neuf mois de ménage. « Parfois 19 chambres pour un service et le dimanche compris. On ne connaît nos jours de travail que d’une semaine sur l’autre. » Un paquet d’heures ne sont pas payées, les heures supplémentaires, notamment. « On a même des retenues », affirme une collègue. Un système infantilisant où les femmes de chambre sont traitées comme du menu fretin. Les menaces sont monnaie courante. Et si cela ne suffit pas, « ils essayent de nous piéger en laissant traîner des objets de valeur pour voir si on les vole ». La gouvernante du Massalia, abhorrée de son personnel, prétend que ses filles ont été licenciées d’autres hôtels, ce qui est faux : Patricia vient d’arriver du Portugal. « Il y a un rapport familial entre nous, mais elles n’ont jamais compris leurs contrats », affirme la mère-supérieure maison, qui se dit choquée par la manifestation et estime qu’elle a toujours fait en sorte de payer les employées. « D’ailleurs, elles ne sont que cinq devant l’hôtel ! » Et pour cause : ce sont les cinq femmes de chambre en CDI. Toutes les autres, en CDD, craignent de perdre leur place. « Elle nous insulte ! », affirme Amalia devant ces collègues qui approuvent d’un hochement du chef. Des insultes familiales, peut-être ? La gouvernante parle d’incompréhension due au manque de maîtrise de la langue…

Le 7 mai, la directrice de l’Intercontinental n’a pas traîné devant son établissement, où elle a laissé le soin aux gouvernantes et aux membres de la sécurité de prendre en photo les salariés récalcitrants. Elle nie les mauvaises conditions de travail et renvoie les gueux à leur société sous-traitante. Samir est heureux de la mobilisation : « Ils pensent que je suis un con, un étranger, mais je suis Français. Quand tu parles de tes droits, tu es à éliminer ! » Un mois plus tard, il végète à Aix-en-Provence sur une voie de garage. Son salaire couvre à peine ses frais de transports, mais il tient bon.

Un mois plus tard, Julien, de la CNT-SO, confirme que c’est à nouveau la bagarre. « Ils l’ont mal pris », à la Française des Services. Doux euphémisme, car sur place, les petits chefs sont devenus hargneux. Ils ont adressé aux salariés cet avertissement : « On a vos photos ! » D’après Julien, ils ont un double discours. Un CDD n’a pas été renouvelé, mais le syndicat est encore intervenu et la travailleuse devrait être reprise. Chose plus curieuse, certaines femmes de chambre du Massalia travaillent parfois au Novotel, mais pour le groupe Medifrance, dont Stéphane Fouré, le DRH de la FDS, est propriétaire…

Devant le Massalia, le 6 juin dernier, la Française de Services a envoyé sa directrice du Développement, Isabelle Rocca, qui communique avec brio et dément toutes les accusations, à l’unisson du directeur de l’hôtel. Un beau duo. « La Française de Services a même prévu un treizième mois et offre la participation à une mutuelle. » Isabelle Rocca explique que le syndicat CNT-SO n’est pas représentatif : « Notre délégué n’exprime aucune plainte. » Elle parle de la CGT-Nettoyage, qui semble très compréhensive avec sa direction. « Et puis la CGC, l’UNSA et la CFDT ont signé notre charte, on a toutes les garanties, nous respectons la loi », insiste le directeur de l’Intercontinental. Traçabilité, normes, contrôles, tout y passe pour démontrer que l’hôtel est un lieu idyllique pour des travailleuses qui, par malchance, ne parlent souvent qu’un français approximatif et sont abusées par les petits caractères de leur contrat.

Se faire sous-traiter

« Le but de la sous-traitance est de faire éclater la communauté de travail et de réaliser plus de profits en sous-payant les femmes de chambre, gouvernantes et équipiers (en général de – 15 à – 40 %) qui ne bénéficient pas de la convention collective de l’hôtel », affirme de son côté la CGT de l’hôtel Parc-Hyatt Paris-Vendôme, dont les salariés étaient aux prud’hommes le 6 juin 2014. L’hôtel se trouve dans la rue la plus chère de Paris au Monopoly… Rue de la Paix – pas de la paix sociale, en tout cas. À Marseille, Sabrina est venue soutenir les femmes de chambre du Massalia. Elle a été débarquée de l’hôtel Kyriad, à la Capelette. Elle contestait sa date d’embauche : il manquait trois jours. Propeo, la société de nettoyage, l’a renvoyée une semaine après. « C’est du travail à la tâche », affirme cette ancienne secrétaire de boîte d’intérim qui connaît ses droits. « J’ai tapé “Protection des ouvriers” sur Internet », comme on tape société protectrice des animaux, « et j’ai immédiatement adhéré à la CNT-SO. »


Article paru dans CQFD n°123 (juin 2014), par Christophe Goby, illustré par Pirikk
L’article en ligne sur le site de CQFD.

Communiqué : répression anti-syndicale dans les hôtels de luxe

Depuis le lancement en avril d’une section syndicale à la Française de services, prestataire du nettoyage de plusieurs hôtels marseillais [1], le climat est de plus en plus répressif pour les syndiqués de la CNT Solidarité Ouvrière.

L’encadrement de ce sous-traitant multiplie les pressions sur les salariés : menaces concernant l’appartenance syndicale, tracasseries quotidiennes et traitement défavorable dans l’organisation du travail pour les syndiqué-e-s, obstacles à l’exercice du mandat syndical de notre représentante de la section syndicale (RSS).
Aujourd’hui, cela va encore plus loin avec des violences et une menace de licenciement à l’encontre de syndicalistes de la CNT Solidarité Ouvrière ! Ainsi, notre RSS a été victime, mardi 08 juillet, d’une bousculade et de violentes attaques verbales par sa responsable à l’hôtel Villa Massalia. Choquée, notre camarade a bénéficié d’un arrêt maladie de trois jours et a déposé plainte. Le 10 juillet, c’est un autre camarade, ancien équipier de l’hôtel Intercontinental, déjà muté arbitrairement depuis deux mois sur l’hôpital d’Aix-en-Provence, qui est convoqué pour un entretien disciplinaire pouvant aller jusqu’au licenciement, sur des motifs que nous contestons.

La CNT Solidarité Ouvrière estime que c’est clairement la présence d’un syndicat indépendant et combatif dans les grands hôtels marseillais qui est visé par cette spirale répressive. Pour nous, les directions des hôtels donneurs d’ordre sont aussi responsables, ne pouvant ignorer ce climat délétère et certaines pratiques douteuses de leur sous-traitant.

Les travailleurs-euses et le syndicat n’entendent pas se laisser faire et la riposte s’organise. Nous allons poursuivre la mobilisation syndicale dans les hôtels concernés. En lien avec notre avocate, des procédures judiciaires vont aussi être lancées ainsi que le dépôt d’une quinzaine de dossiers devant le conseil des prud’hommes.

Halte à la répression, solidarité ouvrière !

Notes
[1] La Française de Services sous-traite le nettoyage de l’hôtel Intercontinental (Marseille 1er), Villa Massalia et Novotel Prado via sa filiale Médifrance (Marseille 8ème) ainsi que le centre hospitalier d’Aix-en-Provence.

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Nettoyage : la CNT-Solidarité Ouvrière représentative chez Acqua

La CNT Solidarité Ouvrière renforce son implantation dans le nettoyage

Suite aux élections professionnelles, la CNT Solidarité Ouvrière devient représentative au sein de la société ACQUA, entreprise du secteur de la propreté intervenant notamment dans la sous-traitance hôtelière.
Avec plus de 18 % des voix lors du premier tour, le 09 mai 2014, notre syndicat obtient la représentativité à l’échelle nationale dans l’entreprise et peux y nommer un délégué syndical. Cette dynamique a été confirmée lors du second tour le 23 mai, la CNT Solidarité Ouvrière obtenant deux élus au Conseil d’Établissement (1 titulaire et un suppléant) et deux élus Délégués du Personnel (1 titulaire et un suppléant).

Nous appelons les salarié-e-s concerné-e-s à venir renforcer la section syndicale pour porter collectivement nos revendications et faire vivre un syndicalisme combatif et indépendant chez ACQUA.

Dans notre département, nous pourrons ainsi intervenir sur plusieurs chantiers locaux d’Acqua sur Marseille ou sur Aix-en-Provence :

– hôtel Mama Shelter (Marseille 6°)
– hôtel Holliday Inn St-Charles (Marseille 1°)
– hôtel Radisson Vieux-Port (Marseille 7°)
– hôtel Adagio Acces (Aix-en-Provence)

Sous-traitance hôtelière : le combat continue ! RDV vendredi 6 juin devant l’hôtel Villa Massalia à 16h15

Sous-traitance hôtelière : le combat continue !

La section syndicale Française de service de la CNT Solidarité Ouvrière organise un rassemblement devant l’hôtel Villa Massalia* le vendredi 06 juin à 16h15. Ce rassemblement est coordonné avec une mobilisation organisée le même jour à Paris contre la sous-traitance dans l’hôtellerie, décidée conjointement par la CNT Solidarité-Ouvrière et la CGT HPE (hôtels de prestige) à l’occasion du jugement de 49 salarié.e.s de la sous-traitance de l’Hyatt Paris Vendôme, employé.e.s également par la Française de service.

De plus en plus d’hôtels, y compris des palaces, pratiquent la sous-traitance du service de l’hébergement, ce qui est totalement inacceptable. L’hébergement constitue le cœur de métier d’un hôtel : le sous-traitant n’apporte aucun savoir-faire spécifique à l’hôtelier. Historiquement les femmes de chambre étaient salariées des hôtels.
Le seul but de la sous-traitance est de faire éclater la communauté de travail et de réaliser plus de profits en sous-payant les femmes de chambre, gouvernantes et équipiers (en général de -15 à -40%) qui ne bénéficient pas du statut collectif de l’hôtelier (niveau de salaire, indemnités nourriture, 13ème mois, primes, etc.). Le but est de les utiliser comme variable d’ajustement du taux d’occupation de l’hôtel.

Pour nous, il est temps d’en finir avec le travail à la tâche et le marchandage ! Le paiement à la chambre constitue dans l’hôtellerie un véritable fléau qui génère des conditions de travail très difficiles, sources de pathologies nombreuses et de travail dissimulé avec le non-paiement d’heures complémentaires et supplémentaires. Il touche principalement les femmes d’origine immigrée ; celles-là même qui ont souvent le moins de ressources pour se défendre face aux employeurs. Il est inadmissible qu’au XXIème siècle, on retrouve sur un même lieu de travail des salarié.e.s avec des statuts collectifs différents, ceux/celles de la sous-traitance étant sous-payé.e.s et surexploité.e.s.

Ce rassemblement sera aussi l’occasion pour la section locale d’appeler à la satisfaction rapide de ses revendications alors que des engagements de régularisation des situations individuelles avaient été pris par le DRH de la Française de service lors d’une rencontre à Marseille il y a quelques semaines.
Nous nous mobiliserons également contre le climat particulièrement malsain à l’encontre de nos syndiqué.e.s depuis le rassemblement du 07 mai devant l’hôtel Intercontinental. Voir ici.
L’encadrement local multiplie les remarques intimidantes et les menaces à propos de l’appartenance syndicale des salariés ou concernant leur participation à ce rassemblement. A cette occasion, des photos des manifestants avaient d’ailleurs été prises par deux gouvernantes de l’hôtel Intercontinental, ainsi que par des membres de la sécurité de l’hôtel. Le syndicat a mis en garde l’entreprise concernant toute velléité de fichage des salariés.
Globalement, l’encadrement, plus particulièrement les responsables de site, maintiennent les salarié.e.s dans un climat de peur visant à dissuader d’autres salarié.e.s à rejoindre notre organisation syndicale. Un syndicat c’est un droit, le respect c’est un dû !

*Hôtel Villa Massalia, 17 Place Louis Bonnefon, 13008 Marseille.

BTP Info – Jours fériés, ponts, journée de solidarité et lundi de Pentecôte

Jours fériés, ponts, journée de solidarité et lundi de Pentecôte
NE PAS SE FAIRE AVOIR !

Toutes les infos ici :
BTP Info – Jours fériés, ponts, journée de solidarité et lundi de Pentecôte

Nettoyage : élections professionnelles Acqua – 2ème tour le 23 mai 2014

CHEZ ACQUA la CNT-Solidarité ouvrière est représentative

Grâce à vous, notre syndicat devient représentatif chez Acqua. Avec plus
de 18 % des voix, nous désignons un délégué syndical pour porter vos
revendications.

DÉFENDRE NOS DROITS ET NOTRE DIGNITÉ !

Au second tour le 23 mai 2014, le Syndicat CNT-Solidarité Ouvrière du
Nettoyage présente des candidats indépendants du patron et des
inspecteurs.

Le Syndicat CNT-Solidarité Ouvrière se bat pour :
– Un 13e mois pour tous
– Le paiement de toutes les heures travaillées
– L’augmentation des salaires pour tous et la revalorisation des
qualifications pour les femmes de chambre
– La majoration de 100% pour le travail de nuit
– La majoration du dimanche à 50% et 100% les jours fériés
– La transformation en CDI de tous les CDD
– La diminution des cadences de travail
– Le versement du salaire le 5 du mois, au lieu du 9 ou 11
– La fin du paiement à la chambre

NE LAISSEZ PAS LES SYNDICATS DE LA DIRECTION PARLER A VOTRE PLACE
NE DONNEZ PAS VOS ENVELOPPES AUX CHEFS D’ÉQUIPE OU AUX INSPECTEURS
VOTEZ VOUS-MÊME !

Voter pour la CNT-Solidarité ouvrière : c’est choisir la lutte contre la collaboration avec le patron.

La suite de la profession de foi avec la liste des candidats :

Acqua élections professionnelles CNT-SO

Marseille : Hôtels de luxe, industrie touristique, le combat continue !

Le rassemblement organisé, mercredi 07 mai, (voir : Grands hôtels : derrière le luxe, l’exploitation ! Rassemblement mercredi 7 mai 2014) pour soutenir les salariés de la « Française de Service », a réuni une vingtaine de travailleurs-euses et de soutiens du syndicat, devant l’hôtel Intercontinental.

Le développement de l’industrie touristique est un virage économique voulu par les élites de la ville, cette première devant un de ses fleurons a donc fait du bruit avec une grosse couverture médiatique.

Cela a été l’occasion de placer la direction de l’hôtel, venue à notre rencontre, devant ses responsabilités de donneuse d’ordre à sa société sous-traitante.
Quant aux cadres de la « Française de Service », fidèles à une attitude méprisante et dictatoriale, ils auront passé le temps à prendre des photos du rassemblement avec la sécurité de l’hôtel…

Tract_FrançaiseDeService

Hôtels de luxe, industrie touristique, le combat continue,halte à l’exploitation et au mépris !

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